Le journal disparu

Blachut, Zidek, Zitek, ce trio de grands ténors tchèques aura gravé les trois versions absolues du Journal d’un disparu, ce polyglotte de Nicolaï Gedda les rejoignant tardivement également pour Supraphon.

Mais comment avais-je pu oublier la gravure de Vilém Přibyl, grand ténor lyrique né et élevé dans le culte de Leoš Janáček à Brno et qui aura incarné tant des héros de ses opéras.

Le 29 juin 1977, il enregistrait avec Josef Páleníček la version la plus expressionniste du Journal d’un disparu : il n’y chante pas, il y parle, lecture intense, sans arrière-plans, d’une violence que le piano âpre de Josef Páleníček avive encore par ses arrêtes, son jeu marcato, la puissance suggestive de ses accents. Impossible de sortir indemne de tant de violence. Et lorsque la Tzigane de l’immense Libuše Márová paraît, quelle émotion étrange vient suspendre le temps où les voix de femmes du chœur Pavel Kühn mettent des paysages émouvants.

Alors vous chercherez ailleurs la pure beauté de ce timbre sans apprêts dans les deux cycles de mélodies – Chants bibliques de Dvořák et les très rares et splendides Chants du soir de Smetana – où le piano bien plus discret de Milan Máša le laisse parfois un peu seul. Peu importe, cette grande voix de la scène lyrique tchèque dévoile ici la part intime de son art, on ne saurait l’ignorer.

LE DISQUE DU JOUR

Bedřich Smetana (1824-1884)
Chants du soir, sur des textes de Vítězslav Hálek
Antonín Dvořák (1841-1904)
Chants bibliques, Op. 99 B. 185
Leoš Janáček (1854-1928)
Le Journal d’un disparu, cycle de mélodies pour ténor, contralto, chœur de femmes à 3 voix féminin et piano

Vilém Přibyl, ténor
Libuše Márová, mezzo-soprano
Members du Chœur Kühn Choir de Prague
Milan Máša, piano
Josef Páleníček, piano

Un album du label Supraphon SU4268-2
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Photo à la une : © DR