Sonates d’automne

Beethoven fut leur première rencontre au disque (pour le label du Wigmore Hall) avant qu’ils ne s’engagent dans leur grande traversée mozartienne, puis les voici abordant la trilogie de Brahms.

Avec les années, le piano de Cédric Tiberghien a pris ce corps profond, cette densité, parachevant la plénitude d’une sonorité qu’il modèle en une palette pleine de sfumato : pour les clairs-obscurs qui ouvrent la Sonate en sol majeur, ce clavier a des replis dans les pianissimos, des suspensions où s’engage l’archet immatériel d’Alina Ibragimova, quasi une flûte par instants. Quel panthéisme !, jusqu’à ces pizzicatos qu’on croirait des gouttes de pluie.

Tout au long des trois opus, le dialogue amoroso entre les cordes frappées et les cordes frottées révèle les enchevêtrements de ces symphonies déguisées où les lignes pures, toujours sensibles, serpentent sous les feuillages de l’harmonie, tout un monde édénique dont les deux amis révèlent aussi les cotés ombreux, le sombre si beau qui dans la pastorale met cette nostalgie sur laquelle ils ne s’attarderont pas : tout est fluide, jusqu’à un sentiment d’irréel que prolonge le lied déchirant de l’Andante molto de Clara Schumann, postlude magique à ce disque beau comme un nocturne.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
Sonate pour violon No. 1
en sol majeur, Op. 78

Sonate pour violon No. 2
en la majeur, Op. 100

Sonate pour violon No. 3
en ré mineur, Op. 108

Clara Schumann (1819-1896)
Andante molto, Op. 22 No. 1

Alina Ibragimova, violon
Cédric Tiberghien, piano

Un album du label Hypérion Records CDA68200
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Photo à la une : la violoniste Alina Ibragimova – Photo : © Sussie Ahlburg