Pages secrètes

Deux recueils pour le piano auront fait la relative renommée de Gabriel Dupont, mais sait-on seulement qu’il fut fêté comme auteur lyrique, et qu’il écrivit aussi pour l’orchestre ?

Mort jeune, comme cet autre prodige Guillaume Lekeu issu du cosmos franckiste, Dupont quant à lui fit ses classes chez ce dévoyé de Massenet ! et il eut pourtant l’audace d’inventer un son d’orchestre absolument personnel : ses habillages des cinq pièces issues du recueil Les Heures dolentes montrent un sens de la caractérisation, une sureté de touche, un goût des timbres qui ne trompent pas.

Alors que Debussy opérait sa propre révolution, Gabriel Dupont raffinait une langue singulière qui éclate dans Jour d’été, triptyque d’images d’une invention mélodique enthousiaste, avec son orchestre très Belle Époque dont les Liégeois et Patrick Davin se régalent : après tout, c’est l’une des œuvres vraiment heureuses de son auteur.

Le disque se referme sur Le Chant de la Destinée, page sombre où se mire les vastes forêts de pins des landes archachonaises, le vent y souffle comme dans une mer. Magnifique album qui rend justice à la part la moins courue d’un compositeur à découvrir.

LE DISQUE DU JOUR

Gabriel Dupont (1878-1914)
L’Œuvre orchestrale (Intégrale)
Les heures dolentes (5 extraits : I. Épigraphe, XI. La mort rôde, XII. Des enfants jouent dans le jardin, II. Le soir tombe dans la chambre, XIII. Nuit blanche – Hallucinations)
Jour d’été
Le Chant de la destinée

Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Patrick Davin, direction

Un album du label Fuga Libera FUG751
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Photo à la une : © DR