Le violon de Camilla

New York s’enflamma pour une gamine de treize ans qui en 1941 fit sa première apparition au Carnegie Hall. Camilla Wicks, née Américaine, connaîtra dans les premières années cinquante une carrière fulgurante, mais peu de disques : celui du Concerto de Sibelius enregistré à Stockholm avec Sixten Erhling en 1952 aura suffi à rendre cette violoniste mythique.

Sibelius adorait cet enregistrement Capitol que vous trouverez ici, parfaitement réédité : la pureté de l’intonation, la beauté du phrasé dans l’Allegro moderato, font jeu égal avec la version quasi contemporaine de Ginette Neveu.

Pour le reste, il faudra l’entendre en concert. En 1949, elle impose à Fritz Busch qui la suit avec brio, visiblement passionné, un tempo cravaché pour un Mendelsohn époustouflant où sa fantaisie personnelle, son ton volontiers fantasque paraît dans la cadence de l’Allegro molto appassionato.

Quatre années plus tard, avec Walter, elle relit drastiquement le Concerto de Beethoven, archet de chanteuse, ton grandiose et ne fait à Hollywood qu’une bouchée du Tchaïkovski, réjouissant William Steinberg qui, lui, fait fuser son orchestre.

Avec Camilla Wicks, les rencontres étaient toujours explosives, mais des affinités particulières l’unissaient à Sixten Ehrling, dont témoigne leur si ardemment lyrique Concerto de Samuel Barber.

Quelques pièces de fantaisie, certaines enregistrées en 1960, alors que la violoniste avait mis sa carrière entre parenthèses, épicent ce coffret. Elles sont irrésistibles, car elle s’y déboutonne absolument, archet corrosif qui emporte deux bis d’Arthur Benjamin où elle fait l’inverse absolu d’Heifetz, tout comme dans de capiteux Sarasate ou dans un Tambourin chinois qui aurait fait grimper Fritz Kreizler aux rideaux.

Portrait complet, piquant et savoureux.

LE DISQUE DU JOUR

Camilla Wicks
Violin Concertos
and Pieces

Samuel Barber (1910-1981)
Concerto pour violon et orchestre, Op. 14
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 61
Arthur Benjamin (1893-1960)
From San Domingo
Jamaican Rumba
Johannes Brahms (1833-1897)
Danse hongroise No. 7 en la majeur (WoO 1/No. 7, trans. Joachim)
Bjarne Brustad (1895-1978)
Eventyr-Suite (extrait : IV. Trollkvenna)
Frédéric Chopin (1810-1849)
Nocturne No. 8 en ré bémol majeur, Op. 27 No. 2 (arr. Wilhelmj)
Nocturne No. 20 en ut dièse mineur, B. 49 (arr. Nathan Milstein)
Fritz Kreisler (1875-1962)
Tambourin chinois, Op. 3
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Auf Flügeln des Gesanges, Op. 34 No. 2 (arr. Achron)
Concerto pour violon et orchestre No. 2 en mi mineur, Op. 64
Pablo de Sarasate (1844-1908)
Introduction et Tarantelle, Op. 43
Malagueña, Op. 21 No. 1
Ioan Scărlătescu (1872-1922)
Bagatelle pour violon et piano
Franz Schubert (1797-1828)
Ave Maria (Ellens Gesang III), D. 839 (arr. Wilhelmj)
Jean Sibelius (1865-1957)
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, Op. 47
Piotr Ilitch Tchaikovski (1840-1893)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 35
Henryk Wieniawski (1835-1880)
Concerto pour violon et orchestre No. 1 en fa dièse mineur, Op. 14
Concerto pour violon et orchestre No. 2 en ré mineur, Op. 22

Camilla Wicks, violon

Robert Levin, piano
Horace Martinez, piano
Michele Cooker, piano

Danish State Symphony Orchestra
Hollywood Bowl Symphony Orchestra
New York Philharmonic Orchestra
Radio Stockholm Symphony Orchestra

Fritz Busch, direction
William Steinberg, direction
Leopold Stokowski, direction
Bruno Walter, direction
Sixten Ehrling, direction

Un coffret de 4 CD du label Hänssler/Profil PH18095
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Photo à la une : la violoniste Camilla Wicks (4è, en remontant vers la gauche) lors d’un dîner, en 1955 – Photo : © DR