Rien dans le catalogue de Bohuslav Martinů n’est secondaire, ni indifférent d’ailleurs. Il mit son génie simple, sa langue si impertinente, son geste où la fantaisie en un instant verse au tragique y compris dans les six cahiers pour petit chœur réunis sur ce disque que fruitent les Martinů Voices de Lukáš Vasilek.
Amoureux des fresques de Pierro della Francesca et de l’art des madrigalistes, Martinů fut le seul dans sa génération à reprendre les arcanes du madrigal, s’y conformant et s’y sentant pourtant libre, avec ce génie singulier de faire de toute coquille sa maison.
Le délicieux cahier de 1959 qui ouvre l’album, avec son soprano solo si troublant pour Rien n’est perdu dans ce monde, donne le ton du texte, frais et profond, allusif mais étreignant, véritable manifestation d’un génie qui aura culminé d’abord dans le sacré : les modes slavons, la psalmodie classique que viennent ébrouer des élans populaires, les couleurs entre fresque et vitrail, les mélodies résolvant la polyphonie des Quatre chants sur la Vierge Marie avaient fixé dès 1934 cette grammaire lumineuse et allusive, si perceptible tout au long d’un disque qu’il est impossible de ranger, petit album de purs trésors enfin chantés du cœur.
LE DISQUE DU JOUR
Bohuslav Martinů
(1890-1959)
Madrigaux, H. 380
Primrose, H. 348
Madrigaux tchèques, H. 278
3 Chants sacrés, H. 339
4 Chants pour la Vierge Marie, H. 235
5 Madrigaux tchèques, H. 321
Martinů Voices
Lukáš Vasilek, direction
Grażyna Biernot, soprano solo
Jakub Fišer, violon
Karel Košárek – piano
Un album du label Supraphon SU 4237-2
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Photo à la une : © DR