Du style

Suite des captations de Jorge Bolet par la RIAS et logiquement tout un album Liszt dont les deux Concertos.

Le grand appareil de fantaisie du Premier, joué sans afféteries, très tenu, très dit, avec toujours ce clavier si lumineux et portant si nourri, trouve un nouveau visage, sans plus rien de démonstratif. En 1971, trois ans avant le fameux récital à Carnegie Hall qui redorera sa légende, le pianiste cubain est au sommet de ses moyens, et résume ici le secret de son art : jouer en classique le répertoire le plus romantique. Lawrence Foster l’entend bien ainsi, qui surveille son orchestre. Résultat un splendide concerto-poème dont même le Finale est anobli.

Onze ans plus tard, le Second Concerto est autrement moins radical : Bolet le joue large, tranquille, un peu atone, comme s’il n’était plus vraiment incarné dans son clavier, contraste étrange avec la coda du disque qui nous ramène aux années 70, Sonnets de Pétrarque corsetés mais éloquents, Ouverture de Tannhäuser où pas une goutte de sueur ne perle, et qui incarne à plein dans le grand piano de Liszt la folie de Wagner, et surtout sa modernité, rappelant que même pour l’esbroufe de l’estrade, Liszt savait, derrière le virtuose rendre vivant le créateur.

Documents majeurs, en tous cas pour les prises des seventies.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Liszt (1811-1886)
Concerto pour piano No. 1 en mi bémol majeur, S. 124
Concerto pour piano No. 2 en la majeur, S. 125
3 Sonetti del Petrarca, S. 270 (extraits de : Années de pèlerinage, Deuxième année, S 161, Italie)
Ouvertüre zu Wagners Tannhäuser, S. 442

Jorge Bolet, piano
Radio-Symphonie-Orchester Berlin
Lawrence Foster , direction
Edo de Waart, direction

Un album du label Audite 97738
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Photo à la une : © DR