Le concerto oublié

Un violoneux qu’on croirait échappé d’un conte de Janáček hante le Concerto que Paul Juon composa en 1909, à Berlin, alors qu’il se liait d’amitié avec Joseph Joachim, partition aventureuse où la poésie prend la forme en défaut, mettant partout une invention populaire, une touche balkanique, quelque chose d’absolument rapsode, dans les mélodies, la divagation de l’harmonie.

Musique de conte vraiment, qui culmine en un Finale dansé dont les épisodes savoureux, emplis de paysages de montagne, ne ressemblent à rien de ce qui s’écrivait alors. Je crois bien que c’est une première au disque, magnifié par l’archet plein mais ailé de Maria Solozobova, porté par l’accompagnement marqué des Bâlois et Kevin Griffths, ajout majeur à une discographie qui ne cesse de se développer, révélant un compositeur dont chaque œuvre témoigne de l’inspiration.

J’aurais aimé entendre l’autre Concerto, celui en la mineur, bien plus tardif (1931) ou la Burletta de 1940, mais non, en ouverture du disque résonne la tendre volute du Concerto en un mouvement de Hans Huber, compositeur suisse, un de ces maîtres trop oubliés du post-romantisme germanique, simple prélude en face du Concerto si singulier de Paul Juon. Maria Solozobova reviendra-t-elle graver les deux autres opus concertants de Juon ? Il le faut !

LE DISQUE DU JOUR


Paul Juon (1872-1940)
Concerto pour violon et orchestre No. 2, op. 42
Hans Huber (1852-1921)
Concerto pour violon et orchestre No. 2 en ré mineur

Maria Solozobova, violon
Collegium Musicum Basel
Kevin Griffiths, direction

Un album du label Sony Classical 80358118320
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Photo à la une : © DR