In Beethoven veritas

90 ans le 27 juillet dernier, cela ne s’entend pas. L’absence de legato, que cet art a banni depuis longtemps, fait les lignes claires, les rythmes élancés, les accents ascendants, le texte de Beethoven, enfin enluminé et plus « illuminé », rayonne, vraie musique de l’avenir comme l’entendait, la voulait, la savait Romain Rolland.

Quel paradoxe !, par-delà les progrès de l’Urtext, des éditions et des pratiques historiquement informées, de nous voir délivrée en cet été 2017 par un chef venu du grand répertoire symphonique romantique et par un des orchestres enracinés dans la tradition germanique, la plus parfaitement intemporelle, la plus totalement intangible des intégrales des Symphonies de Beethoven que le disque ait connue depuis quelques lustres.

D’ailleurs, Herbert Blomstedt avait déjà proclamé ce Beethoven parfait, hors du temps historique et uniquement incarné dans l’essence du texte, lors de son intégrale avec la Staatskapelle de Dresde. À Leipzig, tout sonne avec plus d’élan et de clarté, alors même que le son de l’orchestre peut être parfois massif et sombre – sa discographie avant l’ère de Kurt Masur en témoigne, les Mahler de Václav Neumann en sont des exemples inoubliables et justement chéris – mais pas ici.

Herbert Blomstedt fait toutes les reprises ; d’autre part, l’extrême clarté qu’il obtient est produite par la répartition des premiers violons à la gauche du chef, les seconds violons à sa droite avec les altos, les contrebasses à droite dans le prolongement des seconds violons, les violoncelles au centre, dispositions qu’il a adoptée depuis un certain nombre d’années.

L’alacrité, l’enthousiasme, une générosité fouettée par l’esprit y fulminent, et aussi toute l’irrépressible énergie, l’inextinguible furia avec laquelle Beethoven a inventé la musique moderne. Je pourrais gloser à l’infini sur le génie qui rayonne de ces disques, mais je peinerais à vous dire le plaisir qu’ils ne cessent de m’imposer, radieux, dévorant, absolu. Beethoven.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Les Symphonies (Intégrale)
No. 1 en do majeur, Op. 21
No. 2 en ré majeur, Op. 36
No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55
No. 4 en si bémol majeur, Op. 60
No. 5 en ut mineur, Op. 67
No. 6 en fa majeur, Op. 68 “Pastorale”
No. 7 en la majeur, Op. 92
No. 8 en fa majeur, Op. 93
No. 9 en ré mineur, Op. 125 “Chorale”

Simona Houda-Šaturová, soprano
Mihoko Fujimura, mezzo-soprano
Christian Elsner, ténor
Christian Garhaher, baryton
MDR Rundfunkchor
Gewandhaus Kinderchor und Chor
Gewandhausorchester Leipzig
Herbert Blomstedt, direction

Un coffret de 5 CD du label Accentus Music ACC80322
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Photo à la une : © DR