La magie du Bergonzi

Un nouvel enregistrement du Concerto pour violon de Walton est toujours une fête : l’œuvre est brillante ; écrite pour Heifetz, elle le devait, mais son orchestre reste l’un des plus évocateurs, des plus « justes » qu’ait jamais composés Walton, de la pure magie qui mêle des travelling de paysages à des pas de danse, et trouve dans sa seconde version de 1943 un équilibre funambule entre poésie et fulgurance que l’original ne poussait pas si prés du précipice.

Dès la première phrase, le son du violon d’Anthony Marwood me charme, cette profonde douceur du timbre, vraie voix humaine où pas un gramme de fer ne résonne. Cette chaire du médium, ce parfum des aigus, quelle grâce ! C’est celle du magnifique Carlo Bergonzi de 1736 que joue ici le violoniste anglais, qui poétise la plus diabolique des virtuosités. La battue subtile, alerte, légère de Martyn Brabbins, décidément chez lui dans la musique de Walton – je n’ai pas oublié sa version fulgurante des deux Symphonies – règle un ballet incessant qui ne connait qu’un point faible, la coda du Vivace, dont l’énergie semble soudain en dessous.

Broutille, tant jusque-là le Concerto danse et rêve. Le reste du disque illustre par des gravures précises et ardentes trois opus d’orchestre qui n’atteignent pas la magie du Concerto ; c’est bien fait pour la Partita de 1957, croqué avec élan pour Spitfire, c’est surtout porté d’enthousiasme pour les Variations sur un thème d’Hindemith, qui souvent indiffèrent mais ici tirent plus d’une fois l’oreille.

LE DISQUE DU JOUR

William Walton (1902-1983)
Concerto pour violon et orchestra (version 1943)
Partita for Orchestra
Variations on a Theme by Hindemith
Spitfire Prelude and Fugue

Anthony Marwood, violon
BBC Scottish Symphony Orchestra
Martyn Brabbins, direction

Un album du label Hypérion CDA67986
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Photo à la une : © DR