Krakowiak

Qui énonce comme si deux flûtes chantaient à l’unisson la mélodie populaire que Chopin stylisa pour ouvrir son Rondo à la Krakowiak, qui la joue si pianissimo, dans un timbre irréel, avant de faire fuser le geste de grande fantaisie qui ouvre soudain tous les espaces du piano ?

Jan Lisiecki, dont les Concertos de Chopin si simples et si poétiques m’avaient déjà tant charmé. Voici donc l’album qui sera leur complément parfait, regroupant tout ce que Chopin aura écrit d’autre pour le piano et l’orchestre. Le jeune homme s’y garde de tout brio, de toute esbroufe, de tout effet, de la musique avant tout, un sens des couleurs toujours subtil, un jeu de grande école plus profond que brillant dont la réserve naturelle pourra paraître étrange dans l’Andante spianato et Grande Polonaise brillante : c’est que le jeune Canadien d’origine polonaise songe ici à l’univers lyrique de Weber, met plus de paysages et plie sa virtuosité à la seule musique.

Ce ne seront plus des pièces brillantes, mais des poèmes, où le piano chante et décrit. C’est si inhabituel dans ce répertoire, mais si bien compris par Krzystof Urbański et les musiciens de la NDR, que le tout offre de nouveaux visages à des œuvres que je croyais secondaires, uniquement digitales. Ensemble, ils les retirent du salon pour les exposer en pleine nature.

Album d’une simplicité désarmante, si peu dans l’effet. Et si justement ils visitaient demain Weber ? Le Konzertstück, les deux Concertos attendent d’être réévalués.

LE DISQUE DU JOUR

cover Chopin lisiecki Urbanski DGGFrédéric Chopin (1810-1849)
Rondo à la Krakowiak
en fa majeur, Op. 14

Andante spianato et Grande Polonaise brillante
en mi bémol majeur, Op. 22

Variations on « Là ci darem la mano », pour piano et orchestre, Op. 2
Fantaisie sur des chants populaires polonais, Op. 13
Nocturne en ut dièse mineur, Op. posth.

Jan Lisiecki, piano
NDR Elbphilharmonie Orchester
Krzysztof Urbański, direction

Un album du label Deutsche Grammophon 4796824
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Photo à la une : © DR