De l’autre côté

C’est étrange : les 3e et 8e Symphonies selon Rémy Ballot ont déclenché un enthousiasme certain parmi la critique des deux côtés du Rhin. Chroniquant récemment la 8e, je lui trouvais un train de pachyderme : non plus un orchestre mais un orgue, sensation encore accentuée par le temps de résonance très long de la nef de la Stiftbasilika.

Cette 9e Symphonie me semble encore plus étirée, plus informe aussi, car ce discours qui poursuit l’illusion de la ligne infinie finit justement par manque de souffle : les phrasés retombent, les motifs mélodiques se délitent dans un maelström d’harmonies confuses. On croirait un orchestre de fantômes. Evidemment, le geste du chef cherche et trouve une certaine spiritualité, l’Adagio en témoigne, souvent étreignant, mais une conception aussi sépulcrale s’effondre dans un Scherzo immobile.

L’éditeur ajoute la gravure d’une réduction pour deux pianos de la même œuvre réalisée par Karl Grunsky d’après l’édition Loewe en 1911. Une rareté reconstituée par les pianistes Matthias Giesen et Klaus Laczika qui l’enregistrèrent sur deux pianos absolument opposés : un Blüthner de 1931 et un Yamaha de 1997. Le résultat est assez troublant, s’écoute avec intérêt, mais n’apporte rien à l’art de Bruckner.

LE DISQUE DU JOUR

ballot bruck9-coverAnton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 9 en ré mineur, WAB 109
Symphonie No. 9 en ré mineur, WAB 109 (version pour deux pianos : Karl Grunsky)

Altomonte Orchester
St. Florian

Rémy Ballot, direction
Matthias Giesen, piano
Klaus Laczicka, piano

Un album de 2 CD du label Gramola 99089
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Photo à la une : © DR