Sonates d’automne

Longtemps, une version des Sonates pour violoncelle de Brahms me poursuivit, celle de Rama Jucker et de Werner Giger : elle m’emmenait loin dans une poésie quasi nocturne. Voilà que je retrouve ses sortilèges aujourd’hui. Le même ton sombre, le même lyrisme, ce goût des suspensions harmoniques et des phrasés diffus. Des sonates ? Des lieder.

A la ville, Marie-Elisabeth Hecker et Martin Helmchen sont mari et femme et en effet, ils jouent dans un accord parfait, d’évidence fluide, les deux opus que Brahms aura consacrés à la grande caisse.

La beauté de ce violoncelle est en soi déjà une œuvre d’art – je l’avais remarqué lors d’une gravure du Trio de Smetana où il répondait au violon d’Antje Weithaas – mais ces phrasés emplis de mots, cet archet si mobile et si plein envoutent, portés par le piano attentif de Martin Helmchen, toujours à l’aise dans la poésie, jamais à court d’idées lorsqu’il faut être lyrique. C’est en tous points l’anti Du PréBarenboim, cela déteste l’excès, cherche le mystère, les éclairages rasants, tout un paysage de crépuscule automnal.
Je crois que ce disque secret et parfait, qui démontre ce que faire de la musique de chambre signifie, commence seulement à accompagner mes nuits. En sera-t-il de même pour vous ?

LE DISQUE DU JOUR

cover hecker helmchen alphaJohannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour violoncelle et piano No. 1 en mi mineur,
Op. 38

Sonate pour violoncelle et piano No. 2 en fa majeur,
Op. 99

Marie-Elisabeth Hecker, violoncelle
Martin Helmchen, piano

Un album du label Alpha Classics 223
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Photo à la une : © Harald Hoffmann