Mozart danse

L’éditeur ne le précise pas, mais ce double album est l’amorce d’une intégrale des Sonates pour violon et clavier de Mozart par l’un des plus excitants duos constitués ces dernières années. Le violon aventureux, déluré, fantasque d’Alina Ibragimova, qui est capable parfois d’excès caricaturaux comme l’a prouvé son récent disque des Concertos de Johann Sebastian Bach, trouve dans le piano classique mais alerte de Cédric Tiberghien à la fois un cadre et un élan : les Sonates de Beethoven, parues sous le label du Wigmore Hall m’avaient conquis, ce premier volume Mozart me semble aller encore plus loin.

On sait que l’auteur des Nozze di Figaro a écrit ici parmi les chefs-d’œuvre de sa musique de chambre, ces sonates sont autant, voir pour les premières plus, des sonates pour clavier que pour clavier et violon, et c’est bien le piano si vif, si timbré, si dansé de Cédric Tiberghien qui entraîne le violon historiquement informé de sa partenaire – la maîtrise du vibrato, le vocabulaire si divers des coups d’archets, la dynamique incroyable de variété vous changent drastiquement le visage de ces opus : plus rien de classique, c’est comme si Mannheim et le Sturm und Drang étaient chez eux partout.

Et lorsque les arpèges de la Sonate K. 379 résonnent, si profondément respirés par Cédric Tiberghien, c’est Beethoven qui paraît, pas moins. Alina Ibragimova n’a plus qu’à chanter la longue phrase de soprano que Mozart lui offre. Une Sonate ? Un Opéra, où des personnages paraissent. Ce début est prometteur en diable !

LE DISQUE DU JOUR

cover hyperion mozart ibrag tiberWolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonates pour violon et piano
• en sol majeur, K. 301
• en si bémol majeur, K. 10
• en mi bémol majeur, K. 481
• en sol majeur, K. 379
• en fa majeur, K. 30
• en ut majeur, K. 14
• en mi mineur, K. 304

Cédric Tiberghien, piano
Alina Ibraghimova, violon

Un album de 2 CD du label Hypérion CDA768091
Acheter l’album sur le site du label Hypérion Records, sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr

Photo à la une : © Keith Saunders