Schönberg again

Un tropisme schönbergien poursuit Markus Stenz : après des Gurre-Lieder hantés, voici qu’il immerge son Orchestre du Gürzenich de Cologne dans la nuit étouffante du Pelleas und Melisande où le compositeur du Pierrot Lunaire épuise la syntaxe post-romantique jusqu’à la faire imploser.

Et c’est bien le projet du chef, qui ne montre ici jamais le décor luxuriant mais toujours sombre dont les atmosphères délétères furent exaltées par Sir John Barbirolli et Karl Böhm. Stenz en dégage aussi la structure, met des angles à son orchestre, affute les crescendos ; celui du meurtre, irrépressible, cingle comme jamais depuis Karajan. En trente-huit minutes, l’affaire est réglée, et Schönberg se déleste du passé plus qu’il ne s’y complaît.

Le couplage avec le Concerto pour violon postérieur de trente ans, apparaît dès lors d’une logique évidente : c’est la même langue, avec un assortiment de couleurs bien plus crues, que les musiciens du Gürzenich assument crânement. Du coup, l’œuvre perd son aridité, devient aussi belle à l’oreille qu’un Kupka peut l’être à l’œil, et Kolja Blacher réussit l’impossible : chanter. Il est bien le premier à le faire ici aussi librement.

LE DISQUE DU JOUR

cover schoenberg stenz oehmsArnold Schönberg (1874-1951)
Pelléas et Mélisande,
poème symphonique, Op. 5

Concerto pour violon
et orchestre, Op. 36

Kolja Blacher, violon
Gürzenich Orchester Köln (Orchestre du Gürzenich de Cologne)
Markus Stenz, direction

Un album du label OehmsClassics OC 445
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Photo à la une : © Bernd Bühmann