De l’art de bien rééditer, Vol. 12 : Le Faune années soixante

Durant l’âge d’or de la stéréophonie, Jean–Pierre Rampal grava quantité de microsillons, et au cours des seules années soixante quasiment une cinquantaine, dont la majeure part pour son label historique, Erato. Sa flûte-faune pouvait enfin être captée dans toutes ses couleurs, son grain si fin, si ductile, son souffle si sensuel, ses phrasés allusifs étaient retranscrits au disque avec une vérité des timbres et des accents inédite.

Si les répertoires baroque et classique constituent encore l’essentiel de ce second volume artistement ouvragé par Erato2O CD, un livret de quarante pages fourmillant d’informations, de documents, de photographies et un travail de restitution sonore exemplaire réalisé d’après les bandes originales par les ingénieurs d’Art & Son Studio – s’y ajoute tout un pan du répertoire pour flûte suscité par Rampal.

Des concertos essentiellement, taillés sur mesures par Henry Barraud, André Jolivet, Jean Rivier, Antoine Tisné (remarquable, un grand concerto de trente-quatre minutes où la flûte poursuit un dialogue serré avec l’orchestre à cordes) ou le quasi concerto de Charles Chaynes, ces Illustrations pour « La flûte de Jade » composées en 1960 auquel Chaynes ajouta en 1964 un prélude virtuose pour la flûte seule, en fait une commande directe du label Erato comme la Sonate pour flûte et harpe de Jean-Michel Damase également rééditée ici.

Ajout majeur au répertoire de l’instrument, les quatre partitions d’André Jolivet, avec au sommet sa Suite en concert (en fait le Second Concerto) pour flûte et percussion. Conscient d’écrire une nouvelle page dans l’histoire du traverso, Rampal enregistre en incipit à toute cette série le Concerto d’Ibert écrit en 1933 pour Marcel Moyse. La boucle est bouclée.

Toujours coté XXe siècle, les sonates de Poulenc et de Prokofiev, la Suite paysanne hongroise déduite par Paul Arma de l’œuvre de Bartók, et son alerte Premier Divertimento de concert, le Trio de Jean-Michel Damase et de Debussy un Syrinx énigmatique.

Mais retrouver les Concertos de Vivaldi avec I Solisti Veneti, ceux de Mozart dirigés par Theodor Guschlbauer, le 5è Concerto brandebourgeois qui berça ma jeunesse où Rampal dialogue avec le violon de Josef Suk déclenche un plaisir irrépressible. Ce sont mes madeleines enfin retrouvées.

Et maintenant, pour suivre, les enregistrements EMI !

Mais voilà que Premiers Horizons nous reconduit aux années cinquante dans un nouveau volume de sa collection Jean-Pierre Rampal. Deux CD Mozart, reprenant les gravures des Discophiles français enregistrées entre avril et septembre 1954 avec l’Orchestre de chambre de la Sarre, mené grand train par Karl Ristenpart. Les deux Concertos, le Concerto pour flûte et harpe, et heureusement ajoutée, la Symphonie concertante pour quatre instruments à vent qui permet d’entendre un savoureux quatuor de souffleurs français : Pierre Pierlot, Jacques Lancelot, Gilbert Coursier et Paul Hongne. Rampal jouait à l’époque une flûte signée Louis Lot, au timbre de miel, aux aigus fruités, qui va comme un gant à l’univers mozartien. Album solaire, indispensable complément des gravures Erato.

LE DISQUE DU JOUR

cover erato rampal volume 2
Jean-Pierre Rampal
The Complete Erato Recordings
Vol. 2 : 1963-1969

Jean-Pierre Rampal, flûte

Un coffret de 20 CD du label Erato 0825646190430

cover mozart rampal_premier horizons
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concertos pour flûte et orchestre No. 1 en sol majeur
Concerto pour flûte, harpe et orchestre en ut majeur, KV 299
Andante KV 315
Symphonie concertante pour instruments à vent, KV 297

Jean-Pierre Rampal, flûte
Pierre Pierlot, hautbois
Jacques Lancelot, clarinette
Gilbert Coursier, cor
Paul Hongne, basson
Orchestre de chambre de la Sarre
Karl Ristenpart, direction

Un album de 2 CD du label Premiers Horizons REF.070.127/070.128

Photo à la une : (c) DR