Pas Scriabine

J’attendais probablement trop d’un disque longtemps espéré d’autant qu’il était signé par un de mes pianistes favoris. Après de singulières Goyescas, voici que Garrick Ohlsson changeait radicalement de monde et consacrait son prochain disque à l’intégrale des Poèmes de Scriabine.

Mais non, rien de l’univers de Scriabine n’entre chez lui, ni les volutes évanescentes des premiers opus de ce genre, écrasés par un trop plein de son, ni les ellipses et les fulgurances des ultimes pages, où Ohlsson se révèle bien terre à terre.

Problème d’instrument peut-être, un Steinway au clavier assez lourd, au médium opaque, mais aussi de conception : Ohlsson veut sans cesse dire même lorsqu’il faut suggérer.

Retour à Sofronitsky et à Horowitz donc, avec un regret supplémentaire : dans l’intégrale Scriabine qu’Hyperion distribue patiemment entre ses pianistes, je me dis à rebours que décidément, les Poèmes auraient trouvé tous leurs mystères sous les doigts autrement allusifs de Marc-André Hamelin.

LE DISQUE DU JOUR

cover ohlsson scriabine hyperionAlexandre Scriabine (1872-1915)
Les Poèmes (Intégrale)
2 Poèmes Op. 32, 44, 63, 69 & 71, Poème tragique Op. 34, Poème satanique Op. 36,
Poème Op. 41, Poème fantasque Op. 45 No. 2, 3 Poèmes Op. 52,
2 Morceaux Op. 57,
Poème-nocturne Op. 61,
Vers la flamme Op. 72

Garrick Ohlsson, piano

Un album du label Hyperion CDA67988

Photo à la une : (c) Paul Body