Loin de la Résurrection

Est-ce la crainte de ne pas voir Lazarus crée à Vienne ou simplement la fuite de l’inspiration qui laissa l’œuvre abruptement inachevée après l’air de Martha « Herbt mich » ? Quoi qu’il en soit, ce chaînon manquant de l’oratorio germanique entre Haydn et Mendelssohn reste en marge des ultimes chefs-d’œuvre de Schubert, et n’a guère retenu l’attention.

Sa musique un rien pâle – une impression augmentée par la prise de son nimbée qui semble mettre ici les chanteurs comme l’orchestre à distance – en dépit de quelques moments prenants dont le « O könnt’ich » défendu avec ardeur par l’excellent Tobias Berndt, son orchestre modeste, ses mélodies un rien anonymes veulent être défendues.

Hors Frieder Bernius n’en donne qu’une lecture qui, si elle se pare des pratiques historiquement informées (mais cette absence dogmatique de vibrato ne dessert-elle pas l’œuvre au fond ?), reste au premier degré.

Les chanteurs eux-mêmes semblent hésiter : faut-il incarner des personnages, ou simplement dérouler cette guirlande de lieder et de récits ? Malgré une belle ligne de chant, la Marta de Sarah Wegener reste dans un prudent entre-deux, comme la plupart de ses confrères.

Déçu, je remets dans la platine la version princeps gravée pour Electrola en 1979 par Wolfgang Sawallisch durant son odyssée au sein de l’œuvre sacrée de Schubert, et soudain l’orchestre parle, la parabole se fait drame. Et l’équipe de chant en est bien plus relevée.

LE DISQUE DU JOUR

cover lazarus bernius carus
Franz Schubert
(1797-1828)
Lazarus, D. 689

Sarah Wegener (Maria), soprano
Johanna Winkel (Martha), soprano
Sophe Harmsen (Jemina), mezzo-soprano
Andreas Weller (Lazarus), ténor
Tilman Lichdi (Nathanael), ténor
Tobias Berndt (Simon), baryton

Kammerchor Stuttgart
Hofkapelle Stuttgart
Frieder Bernius, direction

Un album du label Carus 83.293

Photo à la une : (c) DR