L’autre Shimkus

Dix-sept ans tout juste le deux décembre dernier, dans sa seizième année lorsqu’elle enregistrait les 17 et 18 juin 2013 ce premier disque au programme décoiffant : Seconde Sonate de Schumann, 18e de Beethoven et le rare Scherzo et Marche de Liszt. Voilà déjà un opus d’artiste et non une carte de visite pour Aurelia Shimkus, la sœur cadette de Vestard.

Mêmes moyens que son frère, grande technique, art des couleurs, sens des phrasés, mais là où Vestard regarde de haut les œuvres, avec une clarté de conception révélatrice, Aurelia fonce tête baissée. On cherchait depuis longtemps le precipitoso schumanien, le voilà enfin dans le finale de la 2e Sonate, où crânement Aurelia Shimkus va plus vite qu’elle ne peut, mais avec quel panache, quelle hargne. Et le son est admirable, ample, plein, pourtant alerte et fusant toujours, ne négligeant pas d’éclairer les nombreuses ombres qui hantent cette partition ténébreuse.

Une 18e Sonate de Beethoven imaginative, pleine de surprises, piquée d’accents inédits, s’écoute et se réécoute sans lasser, comme improvisée, qualité éminemment beethovenienne, mais Scherzo et Marche de Liszt surprend plus encore, avec ses fusées fantasques, ses diableries, ses emballements qui font éclater les cadres. Richter adorait jouer cette œuvre. Aurelia Shimkus ne lui cède en rien.

C’est assez dire le potentiel de la jeune femme, et à quel point on espère la retrouver vite au disque.

LE DISQUE DU JOUR

cover aurelia shimkus scherzo arsLudwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 18 en mi bémol majeur, Op. 31 No. 3
Robert Schumann (1810-1856)
Sonate pour piano No. 2
en sol mineur, Op. 22

Franz Liszt (1811-1886)
Scherzo & Marche

Aurelia Shimkus, piano

Un album du label Ars Produktion 38140

Photo à la une : (c) DR