Mais qui est Aïtana Design ?

Aïtana Design alias Caroline Viollier n’est autre que la créatrice du visuel du Festival (Piano) Oxygene.

Caroline Viollier est jeune webdesigner, free-lance, de vingt-six ans aujourd’hui installée à Biarritz. Après un Bac littéraire, elle accumule les diplômes dont une prépa d’arts graphiques à l’ESAG Penninghen, une Licence d’Histoire de l’Art et de l’Archéologie à Paris IV Sorbonne et un Master de Recherche en Art et Technologies Numériques à Rennes.

affiche festival piano oxygene
L’affiche développée par Carolin Viollier pour le Festival (Piano) Oxygene

Caroline Viollier est aussi une artiste. Elle a déjà exposé à plusieurs reprises ses photographies, a réalisé des courts-métrages ou encore, a participé à la mise en place d’une installation interactive. Avec toutes ces expériences, on comprend mieux la qualité de son travail.
Caroline a bien voulu jouer le rôle de l’interview, elle revient notamment sur son travail en tant que graphiste.

**

Généralement tes clients viennent de quels domaines ?
Mes clients ont des activités très diversifiées : maison d’édition, magazine, webradio, gastronomie haut de gamme, créatrice textile – un mélange hétéroclite qui permet de plonger, à chaque fois, dans des univers aux codes bien distincts. Cette pluralité des genres est fascinante !

Te laissent-ils carte blanche dans tes créations ? (exemple : création d’affiches)
Tout dépend, mais de plus en plus. Les derniers clients qui ont fait appel à moi avaient une bonne connaissance de mon book, et avait pris le temps de regarder mes créations. Dès lors, j’ai effectivement considéré que j’avais carte blanche pour traduire aux mieux leurs demandes. La plupart du temps, le résultat a dépassé leurs attentes. J’adore cette confiance.

Aïtana-Design-03
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?

Je compose des visuels pour un Salon du Vintage en cours de création sur Biarritz et peaufine également la communication d’un peintre. J’ai volontairement restreint ma clientèle ces temps-ci pour me consacrer à un nouveau partenariat : l’intégration d’un nouveau collectif de développeurs. Nous sommes actuellement en pleine réflexion sur nos offres communes afin de proposer aux clients un « package » complet adapté à leurs budgets et leurs attentes.

As-tu toujours été attirée par le graphisme ?
Si le terme de « graphisme » ne m’était – évidemment – pas encore familier pendant mon enfance, les images m’attiraient déjà. J’ai toujours dessiné et demandé à suivre dès que possible des cours de peinture ou autre activité plastique pour peaufiner mon trait. C’était une évidence à mes yeux que mon métier tournerait autour de la création d’images, j’ai ainsi clôturé mes études avec un Master 2 de Recherche en Art et Technologies Numériques.

Aïtana-Design-05Tu es aussi une artiste, travailles-tu en ce moment sur un projet d’exposition ?
Une fois de plus, le moment est particulier puisque ce travail collectif occupe actuellement tout mon emploi du temps. Toutefois, l’un de mes amis souhaiterait devenir mon agent et me trouver de nouveaux lieux d’exposition originaux. Le projet suit son cours et j’ai repris mes peintures, les toiles sont en train d’émerger.

Y-a-t-il un artiste ou un courant artistique qui influence ton travail d’artiste et de graphiste ?
C’est une excellente question ! Concernant l’art, je voue une incroyable admiration aux oeuvres de Dali. Les surréalistes m’attirent et j’aime à composer mes toiles en laissant le dessin émerger de tracés ou de collages aléatoires pour arriver dans des univers poétiques décalés. Pour la graphisme, j’adore l’École du Bauhaus et leurs compositions inventives. La symbiose de ces deux disciplines, que sont l’art et graphisme, se retrouve pour moi dans l’équilibre subtil des créations de certains affichistes.

Quel regard poses-tu sur ton métier, considères-tu que le graphisme est un art ?
L’une des premières choses que l’on vous apprend en école de graphisme est que le-dit spécialiste n’est pas un artiste. On vous dira presque que c’est antinomique. Pourquoi ? On oppose simplement, et naïvement, la liberté créative de l’artiste et sa fabuleuse folie inexplicable, à la rigueur exigée et induite par le métier de graphiste. Or, si l’on peut nuancer ce clivage, l’artiste a lui aussi pendant un temps répondu aux exigences d’un ou de plusieurs commanditaires, répétant à force de nuits passées à veiller à la chandelle, les fondamentaux appris de son maître. Si l’on ne peut nier le génie des plus grands, beaucoup ont débuté par les gammes héritées, pour ne citer que ces quelques exemples : la façon de rendre le clair-obscur, les points de fuite et autres exigences visuelles mathématiques de la perspective, ou encore bien avant les proportions idéales du corps humain.

De la même manière, le graphiste a été formé, ou formaté c’est au choix, pour appliquer un certain nombre de règles d’harmonie et de composition adaptées à l’univers de ses clients. Toujours est-il que le spécialiste de l’image va suivre un certain nombre de contraintes pour créer une identité visuelle adaptée : pas plus de deux couleurs, pas plus de deux typographies, une composition limpide, une déclinaison harmonieuse etc. Ces règles ne sont pas strictes mais plutôt conseillées pour mener à bien son projet.

Toutefois, comme le bon ou le mauvais peintre, tout est question de facture. Là encore, le jeu de mots est tentant entre la « facture » du peintre qui représente la qualité de l’exécution de l’oeuvre et la « facture » du graphiste qui monnaie donc sa prestation.

Aïtana-Design-02L’un des clichés communs est d’associer « artiste » à « crève-la-faim », on peut songer à un illuminé incompris et vraisemblablement marginal (oui, nous sommes dans le cliché), le graphiste, lui, est un professionnel. Amateurisme ou professionnalisme, voici encore deux segmentations entre ces professions. Néanmoins, nuançons car aujourd’hui avec le développement des technologies et des outils, l’amateur se dit graphiste et se vend « gratuiste ».

Nouveau phénomène peu connu, de plus en plus d’internautes qui savent où trouver les tutoriels pour se former, décident qu’après tout, créer des images est aisé et que tout le monde peut le faire. Il s’ensuit une nouvelle catégorie de personnes proposant des « services graphiques » à moindre coût. Les guillemets sont d’usages au vue des monstruosités proposées.

Ma position est, dès lors, de dire que, oui le graphisme est un art. Il s’acquiert avec le temps et l’expérience et comme tout peintre, le graphiste a suivi un enseignement inculquant un certain nombre de règles dont il s’écarte avec le temps pour réinventer les images de demain. Là encore, une nuance se fait entre l’exécutant et le créatif, celui qui suivra les tendances et celui qui aura la volonté d’aller plus loin et d’innover.

Qu’est-ce-qu’un artiste ? Dans le vaste champ de l’image, fait-il figure de spécialiste ?
L’une des spécificités de l’art est de nous procurer des sensations et de nous faire ressentir des émotions. Ainsi, selon nos propres affinités, nous déclarons qu’un tel l’est. « Ah ça oui, c’est vraiment un grand artiste », le voisin ne sera pas d’accord et préfèrera un autre courant, une autre figure de proue. Et bien après tout, l’art c’est la liberté d’être touché. L’affinité quasi-mystique qui nous traverse devant une œuvre qui nous émeut. L’art c’est la peinture, mais aussi la musique, le quotidien, le hors-norme, question de feeling.

Aïtana-Design-04Alors pour moi, faire du graphisme c’est quelque part être artiste. Chaque projet qu’on me confie est un questionnement, un bouleversement, même une torture parfois. Des tonnes de questions, d’essais, de ratures, de recommencements jusqu’à ce que je sois satisfaite, alors si nul ne peut s’autoproclamer artiste (je trouve ça d’une suffisance incroyable), je nuancerais en concluant que le graphisme est un renouvellement visuel perpétuel visant à imaginer de nouvelles manières de communiquer et à tendre vers de nouveaux codes.

D’autres projets à venir?
Multiplier les expérimentations graphiques ! J’ai plusieurs idées de fresques en attente, de nombreux dessins de tatouage également en préparation ainsi que la volonté de passer directement à la machine pour pouvoir réaliser le processus de l’idée jusqu’à l’encrage, je suis également en pleine customisation de mon véhicule et ai des projets textiles avec certains de mes clients. Je rêve ma vie en images, et si c’est parfois très frustrant, je tente de la colorer au quotidien.

Le site d’Aitana Design : aitanadesign.com

Photo à la une : (c) DR