Ravel d’Outre-Rhin

Florian Uhlig aime la musique française. Il alterne une intégrale du piano de Schumann, à laquelle on reviendra, avec des albums dédiés à notre répertoire, où la curiosité fait loi.

Précédent opus, la Fantaisie de Debussy, mariée avec le Sol de Ravel et les Concertos de Poulenc et de Françaix, et aujourd’hui tout le piano solo de Ravel, mais absolument tout, du Menuet (1904) à la version pianistique de La Valse (1919), et choisissant pour les transcriptions celles uniquement coulées de la plume du compositeur : ainsi, on a les trois fragments symphoniques de Daphnis et Chloé mais pas la Deuxième Suite transcrite par Lucien Garban. Pour les mêmes raisons, Florian Uhlig n’a pas voulu enregistrer la version à deux mains de Ma Mère l’Oye que Ravel n’envisagea jamais.

Ce souci d’exactitude est déjà beaucoup en regard d’un compositeur qui l’entendait comme une vertu. On la retrouve tout au long de ces trois CD. Une interprétation ? Non, une lecture d’une fidélité absolue à la lettre, et d’une justesse de style plutôt confondante. Avec cela des moyens pianistiques qui ne se discutent pas une fois qu’on a entendu son Scarbo.

Piano limpide, propos pudique, une attention portée à l’articulation qui permet de mettre de l’émotion là où ne l’attendait pas : il fait aussi bien dans le nostalgique Prélude en la mineur qu’Alexandre Tharaud, c’est dire.

Si les Miroirs manquent un peu d’ombres, les Valses nobles et sentimentales, ce pont aux ânes des intégrales, sont incroyablement réussies, d’une fantaisie allusive, et jouées avec une maestria sans esbroufe. Le Tombeau de Couperin, désarmant de simplicité, rappelle Casadesus, comme d’ailleurs tout le clavier du jeune homme qui cherche avant tout la lumière. Jolie surprise que tout ravélien doit connaître.

LE DISQUE DU JOUR

cover ravel uhlig hannslerMaurice Ravel (1875-1937)
L’œuvre complète pour piano
Florian Uhlig, piano
Un coffret de 3 CD Hänssler Classics CD93.318

Photo à la une : (c) Marc Borggreve