Musiques pour Gaston

Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, fut un personnage fantasque, adulé par le peuple, comploteur impénitent contre le Roi et plus d’une fois. Au fond, il ne partagea avec Louis que le goût des arts, de la musique en particulier. Etienne Moulinié lui resta attaché de 1627 à 1660, fournissant pour la chapelle comme pour la chambre, pour le faste comme pour l’intime.

Le disque a été assez peu disert à son sujet mais toujours bienheureux. Les airs de cour ont été servis par Maria Cristina Kiehr et ses amis (à L’Empreinte Digitale) ou par les chanteurs de Vincent Dumestre (L’Humaine Comédie, Alpha), et William Christie et ses Arts Florissants ont herborisé en pionnier (1980) entre motets et cantiques (Cantique de Moyse, Harmonia Mundi) ; c’est à la Chapelle que s’en tiennent Sébastien Daucé et son Ensemble Correspondances, adjoignant en ponctuation quelques pages de Boësset, Chancy ou Constantin.

La concentration des timbres, le resserrement des lacis polyphoniques, une certaine recherche de la pureté sans oublier l’expression, et surtout l’art de faire grand dans la petite forme signent un album fort, qui indique que Moulinié fut un des maîtres du motet français. On perçoit les italianismes découlés du madrigal car Daucé anime les textes en soulignant les géométries variables dont Moulinié les habille. Lectures aussi habiles qu’informées qui composent un visage décidément expressif à ces œuvres, mais aussi au lamento sépulcral de Boësset, Popule meus, auquel Daucé enchaîne un étreignant Pie Jesu. Ah mais alors ! voila l’auteur du prochain disque trouvé, d’autant que la discothèque Boësset, depuis l’album du Poème Harmonique (Alpha, 2007) ne s’est guère augmentée.

LE DISQUE DU JOUR

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Étienne Moulinié
(1599-1669)
Meslanges pour la
Chapelle d’un Prince

Ensemble
Correspondances

Sébastien Daucé,
direction


Un CD Harmonia Mundi HMC902194
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Photo à la une : (c) DR