Il y a comme cela des mystères dans l’édition phonographique : la toute première intégrale de l’œuvre d’orgue de Bach enregistrée par Marie-Claire Alain dormait dans les archives Continuer la lecture de La grâce et le feu
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Grand Empereur
La première fois que j’entendis Nicholas Angelich, ce fut pour un Empereur d’autant plus mémorable qu’il y remplaçait in extremis un collègue souffrant. Ce piano ample et sans façon qui envolait les arpèges et faisait tonner les accords était la jubilation même, avec en plus quelque chose d’assez libre dans le trille, une manière de tendre et détendre les phrases qui fait tout le sel du grand Allegro.
Quel plaisir de le retrouver ici toujours aussi altier, déployant son grand geste solaire, et osant des foucades, des libertés dans les nuances, tout un vocabulaire fusant que lui inspire un instrument somptueux : le grand Pleyel de concert en palissandre largement postérieur à l’époque de Beethoven (son numéro de série le date de l’année 1892) est probablement le « Hammerklavier » que rêvait l’auteur de la fameuse sonate. Il est parfaitement accordé au grand geste de l’Empereur, mais aussi à la poésie autrement intime du 4e Concerto. Ecoutez seulement les accords nacrés de l’Andante, où comment l’harmonie peut méditer. Mais alors quel dommage que Laurence Equilbey lui assène des rodomontades de cordes : c’est Osmin, ce n’est plus Pizzaro !
Si son orchestre historiquement informé décape avec un certain art ces deux œuvres majeures du répertoire concertant, elle ne parvient pas à mon sens à entrer dans la poétique que Nicholas Angelich veut insuffler tout au long de ce qui reste à la fin « son » 4e Concerto, intériorisé, quasi philosophique, où passe l’ombre de Claudio Arrau.
Mais ne boudons pas, Angelich est si rare au disque, même s’il aurait pu être mieux entouré (je sais qu’il ne sera pas d’accord), cet album l’impose comme un des grands beethovéniens de l’époque. Ce serait tout de même justice qu’Erato lui demande l’intégrale des Sonates … et les autres Concertos, maintenant qu’un si bel instrument s’est découvert autant d’affinités électives avec l’univers du Maître de Bonn.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 4 en sol majeur, Op. 58
Concerto pour piano et orchestre No. 5 en mi bémol majeur, Op. 73 « L’Empereur »
Nicholas Angelich, piano
Insula Orchestra
Laurence Equilbey, direction
Un album du label Erato 019029563417
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Photo à la une : Le pianiste Nicholas Angelich – Photo : © Marc Ribes/Warner Classics
Mer en bleue
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Trois beaux oiseaux de Paradis
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Espressivo
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