Andrè Schuen qui fut l’ultime Figaro de Nikolaus Harnoncourt serait-il le nouveau baryton Schubert que j’attendais depuis Matthias Goerne et Christian Gerhaher. Du premier, il a le timbre noir, l’instrument creusé Continuer la lecture de Le voyageur
Majos enamorados
Qui ouvre ainsi l’éventail de Los requiebros, puis le plie et le déplie dans toutes les subtilités galantes, les ponctuations, les suspensions dont Enrique Granados l’aura animé ? Sofya Melikyan, une jeune pianiste d’origine arménienne Continuer la lecture de Majos enamorados
Duo de bois
Quel étrange album qui aligne Richard Strauss, Beethoven et Glinka. Un fourre-tout ?
Non, juste le projet de deux souffleurs qui s’entendent à merveille : la clarinette de Sarah Watts et le basson de Laurence Perkins nous font le plus délicieux des Duett-Concertino de Strauss qui soit paru depuis longtemps, Sian Edwards et le Royal Scottish leur tissant un écrin assez Capriccio – la harpe n’y est pas pour rien – tous rêvant cette bucolique que certains trouvent bavarde. Ici, elle devient un délicieux caprice, plein d’esprit, de formules baroques, de tendres replis, un jardin de musique qui embaume de ses notes.
Après cette entrée merveilleuse, le grand Trio de Beethoven, qui est en fait une sérénade enchâssant un magnifique Thème et Variations, invite Mozart, le piano de Martin Roscoe le conduisant large, laissant tout le temps au cantabile de l’Adagio, piquant en danse le Tempo di Minuetto, tout un monde qui n’est pas celui de Beethoven y paraît, rappelant à quel point l’esprit viennois forma sa langue. Merveille désarmante de poésie et d’abandon.
Et finir l’album avec le Trio pathétique de Glinka, quelle belle idée ! C’est le plus schumannien des opus du grand Russe, chef-d’œuvre qui alterne brio et lyrisme, que l’on joue si rarement et auquel nos trois amis d’Albion mettent une finesse, des inventions de phrasés, une fantaisie, et quel perlé dolce dans le clavier de Martin Roscoe !
Disque inattendu, captivant.
LE DISQUE DU JOUR
Richard Strauss (1864-1949)
Duett-Concertino, TrV 293
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Trio en mi bémol majeur pour clarinette, violoncelle et piano, Op. 38
Mikhaïl Glinka (1804-1857)
Trio pathétique en ré mineur
Sarah Watts, clarinette
Laurence Perkins, basson
Martin Roscoe, piano
Royal Scottish National Orchestra
Sian Edwards, direction
Un album du label Hypérion CDA68263
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Photo à la une : © DR
Voyage initiatique
Sont-ce des paysages ou des portraits de voyageur dans des paysages ? Francesco Piemontesi joue la part la plus pure des Années de pèlerinage, l’édénique Suisse, dans une sorte de distance rêvée qui dès Au lac de Wallenstadt semble annoncer les derniers opus de Liszt.
La dimension poétique du cahier est ici poussée jusqu’à une sorte d’intemporel, la Pastorale flirte avec Scarlatti, Les cloches de Genève ont quelque chose de ravélien, histoire de rappeler que dans Liszt, tous les claviers passés s’incarnent mais que ceux du futur s’y devinent aussi.
La beauté plastique du jeu est étourdissante à force de pureté et d’exactitude, avec une économie du jeu de pédale, une science du toucher qui colorent les harmonies, leur donnent une dimension orchestrale et permettent aussi une certaine stylisation comme dans un Orage maîtrisé, alors que tant s’y déboutonnent au point de faire écrouler leurs claviers. Ici on voit l’écharpe de nuage déchirée par le roc de l’aiguille.
Mais c’est la pudeur qui reste le maître-mot de ce grand piano si élégant, si intense, qui phrase dans l’ombre le chant byronien de la Vallée d’Obermann, suggère une danse imaginaire dans l’Eglogue ou questionne l’étrange formule qui ouvre Le mal du pays, vraie question sans réponse.
Admirable disque auquel la caméra de Bruno Monsaingeon apporte l’image, et qui laisse espérer qu’après la part suisse, Franceso Piemontesi nous offre bientôt les deux autres années.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Liszt (1811-1886)
Années de pèlerinage I, S. 160 « Suisse »
Saint François de Paule marchant sur les flots, Légende S. 175/2
Francesco Piemontesi, piano
Un album du label Orfeo C9441821
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Photo à la une : Le pianiste suisse Francesco Piemontesi – Photo : © Marco Borggreve
Cendrillon de Vienne
Rudolf Lothar le lui avait suggéré : il était temps que le « Roi de la Valse » quittât les salons pour faire danser tout un corps de ballet. De toute façon, ses succès à l’opéra commandaient cette nouvelle conquête. Hanslick l’en pressa, et Mahler, alors directeur de l’Opéra de Vienne assembla un jury pour trouver le meilleur scénariste possible. Kolmann, un gentilhomme de la Cour, remporta la palme : sujet rabâché, Cendrillon. On sait la suite, Johann Strauss marqua peu d’enthousiasme pour ce canevas, sa plume traîna, un premier acte complet, quelques bribes du second, des idées et des esquisses pour l’ensemble notées dans le plus grand désordre, puis la mort qui suspendit tout. Continuer la lecture de Cendrillon de Vienne