Ne vous arrêtez pas à l’exorde des Valses nobles et sentimentales, qui assène et dit tout net que pour Ravel, en tous cas pour mon Ravel comme je l’ai appris aux disques de Monteux, de Cluytens, de Paray, les Basques n’ont pas Continuer la lecture de Ravel 2
Archives de catégorie : Discophilia. Les chroniques de Jean-Charles Hoffelé
Jean-Charles Hoffelé nous raconte ses écoutes, ses coups de coeur, ses déambulations dans la grande histoire de l’enregistrement du disque classique
Mélancolie
Le plus tendrement mélancolique des lieder de Schubert donne son titre à ce qui fut le premier album pour Pentatone d’Anna Lucia Richter. Elle l’enchâsse au centre de son disque Continuer la lecture de Mélancolie
Masques et surprises
Bach aura péché le premier, raptant pour ses claviers Vivaldi, Marcello, Reincken e altri : à ce titre Mario Brunello aurait eu tort de renoncer à l’extension de son domaine de jeu. Comme pour son intégrale des Suites, il joue ici un merveilleux violoncelle piccolo aux teintes de voix humaine. Continuer la lecture de Masques et surprises
Archet d’apparat
Le violon vénitien, ce ténor de la lagune, ne fut pas la propriété exclusive du Prêtre roux. Ce domaine plus divers est le sujet de l’album pyrotechnique de Chouchane Siranossian, d’abord illustré par les concertos de grand apparat : à un opus en ré majeur, en vaste orchestre, celui de Francesco Maria Veracini, répondra en coda un autre de la même armature, le « Grosso Mogul » pas moins spectaculaire et mieux connu, d’Antonio Vivaldi. Deux années séparent celui de Veracini de celui de Vivaldi. Cette Venise des années 1710, absolument festive, danse sur le fil d’une décadence annoncée que Chouchane Siranossian semble anticiper dans l’intrigant Capriccio del primo violone qu’elle ouvrage en s’inspirant d’autres concertos de Veracini.
Un concerto vraiment ? Plutôt une ouverture, typique des ouvrages du Florentin alors occupé à ses premières compositions, témoin déjà de son style syncrétique qui fera tout le sel de ses futures années de gloire à Dresde. D’ailleurs, un doute existe sur la date de création de l’œuvre, soit à Venise en l’honneur du nouvel ambassadeur d’Autriche le 17 février 1712, soit l’année précédente le 22 décembre pour le couronnement de Charles VI à Francfort, ce qui expliquerait son style plus germain qu’italien, et ferait de l’exécution vénitienne une simple reprise. Tout jeune homme Veracini savait déjà son Bach et son Fasch, Venise était une confluence des goûts réunis, ce qu’Andrea Marcon et sa bande athlétique célèbrent dans un feu d’artifice de timbres et de rythmes.
Autrement concertant, et vénitien, sera l’ombrageux et déjà si mozartien de couleurs Deuxième Concerto de cet Arte del violino où Pietro Locatelli célèbre avec nostalgie l’apogée du violon lagunaire. Teinte d’ut mineur, rossignolades, portamentos de diva, tout un art perdu et proche du sublime se dévoile sous cet archet qui parle et rêve. Chouchane Siranossian doit poursuivre dans ce continent jusque-là exploré chichement, du moins par des interprètes historiquement informés.
On se régalera aux mélodies terriennes, aux rythmes savoureux de l’opus de Tartini, ardé d’un archet de pure faconde, mais comment ne pas entendre que cette virtuosité tire à la ligne, surtout lorsque l’entrée fastueuse, et pleine de caractère du « Grosso Mogul » lui succède avant que le violon n’enrage ce portrait-charge décidément toujours aussi vivace.
Vous l’aurez compris, album renversant.
LE DISQUE DU JOUR
Francesco Maria Veracini (1690-1768)
Concerto à otto stromenti
en ré majeur
Pietro Antonio Locatelli (1695-1764)
Concerto pour violon en
ut mineur, Op. 3 No. 2 (extrait de « L’Arte del violino »)
Giuseppe Tartini (1692-1770)
Concerto pour violon et orchestre en fa majeur, D. 61
Antonio Vivaldi (1678-1741)
Concerto pour violon, cordes et basse continue en ré majeur, RV 208
« Grosso Mogul »
Chouchane Siranossian, violon
Venice Baroque Orchestra
Andrea Marcon, direction
Un album du label Alpha Classics 935
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Photo à la une : la violoniste Chouchane Siranossian – Photo : © DR
Madame Liszt
Tout un disque Enesco, comme son accompagnement versicolore pour un album de mélodies de Respighi (voir ici), m’avaient surpris en bien. J’avais été un peu étonné de la voir ensuite choisir Liszt Continuer la lecture de Madame Liszt