Soleil couchant du Grand Siècle

Les petits Concerts que François Couperin joua du clavecin en entraînant quelques musiciens pour chasser les ombres qui assiégeaient la vieillesse de Louis XIV – on est en 1714 et en 1715 – sont de pures merveilles qui font regretter que l’auteur des Barricades mystérieuses n’ait pas plus sacrifié à la musique d’ensemble : ceci, les Goûts réunis, l’Apothéose de Lully, Les Nations, les Pièces de viole font un volume trop mince dans une œuvre d’abord dédiée au clavecin.

Des Concerts royaux ? Des suites de danses plutôt, d’un esprit tout français (et que Telemann pillera), où Couperin se souvient quel danseur fut jadis le jeune roi : il met dans ses quatre cahiers une imagination délicieuse, qui ne cède que rarement à l’idée du faste lullyste passé depuis longtemps, et alterne des songes de ballets avec de délicieuses tendresses.

Discours de l’intime, ton de confidence que Les Timbres saisissent avec un naturel dans les phrasés, les rythmes, les échanges entre le clavecin et les instruments qui tout de même font autre chose que de simples suites de danses : tout un univers tendre et brillant s’y montre, et cette mélancolie qui envahit la fin d’un règne versé au tragique.

Musique du soir, où se résume toute une esthétique, mais surtout chantent des ombres émues. Le cahier n’est pas si couru que cela, ses subtilités exigent des interprètes rompus à un certain style, mais il faut aussi savoir y chanter sotto voce, évoquer, suggérer, ce que Julien Wolfs et ses amis réussissent avec une élégance de jeu, une éloquence sans appui qui disent tout de cet ensemble parfait, diamant logé au cœur de l’art de François Couperin.

LE DISQUE DU JOUR

François Couperin (1668-1733)
Concerts Royaux – Paris, 1722
Premier Concert
Second Concert
Troisième Concert
Quatrième Concert

Les Timbres

Un album du label Flora DDD4218
Acheter l’album sur le site www.uvmdistribution.com, ou sur Amazon.fr

Photo à la une : © DR