Pastorale

Bruckner, Chostakovitch, Ravel et maintenant Mahler : Gustavo Gimeno confirme ce que je pressentais : il est l’un des jeunes chefs les plus doués de sa génération, et probablement celui qui aura recueilli quelques-uns des secrets de Claudio Abbado.

Comme pour son interprétation emportée de la Première Symphonie de Bruckner, clairement décalqué du disque de jeunesse d’Abbado pour Decca, Gustavo Gimeno évoque ici le souvenir d’un autre album mythique de son mentor italien, cette 4e Symphonie de Mahler qu’il grava avec les Wiener Philharmoniker : mêmes tempos, même geste fluide, évocateur, mêmes accents piquants, même fantaisie tendre qui dore les quatre mouvements jamais aussi pastorals ici sinon chez Abbado justement, et à son exemple le Ruhevoll n’a que peu d’ombres, fluide nuit étoilée où s’évoque déjà l’aventureuse poésie des Nachtstücke de la 7e symphonie.

La clarté naturelle de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg sert la palette transparente qu’y met Gustavo Gimeno, animant tout d’un geste léger, pratiquant l’estompe, puis dans le Finale fouettant tout son début où Miah Persson évoque de son débit rapide et persifleur le modèle laissé par Irmgard Seefried pour mieux céder ensuite à cette volupté rêvée où va s’endormir l’orchestre dans le compte d’un harpe légère comme une plume.

Délicieuse pastorale de plein été à laquelle Gimeno ajoute comme il le fait dans chacun de ses disques une pièce rare, ici le ténébreux Nicht zu schnell du Quatuor avec piano orchestré par Colin Matthews. Vite une suite !

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 4
Nicht zu schnell (Orch. Colin Matthews)

Miah Persson, soprano
Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Gustavo Gimeno, direction

Un album du label Pentatone PTC5186651
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Photo à la une : © DR