Le jeune homme et Beethoven

1969 : Daniel Barenboim boucle pour EMI l’intégrale des Sonates de Beethoven. L’année suivante, Salzbourg accueille ce jeune homme de vingt-sept ans pour tout un récital Beethoven l’année où Géza Anda et Emil Gilels s’y produiront aussi.

Challenge redoutable qui n’effraie pas un instant ce musicien déjà impeccable : la Septième Sonate fuse, conquérante, jouée d’un souffle, faisant magnifiquement sonner le piano, ouverture d’un programme qui englobe en trois opus tout l’orbe des Sonates, le plus étonnant reste l’Opus 111 qui paraît dans une maturité de conception, une profondeur de sonorité et de propos qui ne sont absolument pas l’habitude chez un si jeune homme.

Décidément, les muses furent tout de suite généreuses avec Barenboim, lui offrant les clés de cette œuvre testamentaire. Il est vrai qu’il avait déjà donné l’intégrale au disque, la pesant tout juste, mais la jouant jusqu’au bout, quasiment crânement. Pourtant, l’Opus 111 de Salzbourg, comparé à celui du disque, atteint à une dimension spirituelle qui lui manquait jusqu’alors : l’Arietta, pesée, nocturne, comme en arrêt, fascine dans sa façon d’aller chercher derrière les notes le silence.

La Waldstein n’a pas la même tenue, si difficile pour les doigts qui y fatiguent ça et là, mais les couleurs, les paysages, les effets de sfumato montrent à quel poète, à quel peintre obéissait alors ce clavier.

Soirée splendide, il y en aurait d’autres de cette trempe à publier : tout au long des années soixante, Barenboim fut un pianiste immense, d’abord au concert, Arrau ne manquait jamais de le souligner.

LE DISQUE DU JOUR


Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 7 en ré majeur, Op. 10 No. 3
Sonate pour piano No. 21 en ut majeur, Op. 53
Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111

Daniel Barenboim, piano
Enregistré dans le cadre du Festival de Salzbourg, le 28 juillet 1970

Un album du label Orfeo C9391718
Acheter l’album sur Amazon.fr

Photo à la une : © DR