Romantisme

Alors que Brahms ouvrait la voix aux musiques de l’avenir, un compositeur absolument de son cercle (et de celui de Clara Schumann) pouvait-il parfaire une œuvre totalement dans la tradition ? C’est sur cette interrogation même qu’Anton Urspruch aura écrit toute sa musique, fascinante en ce qu’elle sonne justement comme une danseuse au bord du volcan, et particulièrement les opus de piano que réunit ici au complet Ana-Marija Markovina.

Quelle musique habile, qui flirte avec l’irrespect tonal en parodiant Schubert dans les délicieuses (et souvent délétères) Deutsche Tänze, évoque par le titre et dans la musique les Fantasiestücke de Schumann, et ne craint pas d’aller sur le terrain de Brahms avec les vastes Variations Op. 10 dont les audaces discrètes sonnent plus d’une fois assez Reger. Et c’est Brahms entièrement qui s’invite dans l’Opus 19, merveille de la série, et dans les deux diptyques de l’année 1891.

Un épigone alors ? En tous cas, le maître d’un art qui saisit tout de son temps, perméable aux esthétiques nouvelles mais les transcrivant par son propre prisme. Témoin précieux de ce romantisme parvenu à sa maturité, dont Ana-Marija Markovina débrouille les textes profus avec un sacré caractère.

LE DISQUE DU JOUR

Anton Urspruch (1850-1907)
L’Œuvre pour piano (Intégrale)

5 Fantaisiestücke, Op. 2
Deutsche Tänze, Op. 7
Variationen, Op. 10
5 Morceaux pour le piano, Op. 19
Cavatine und Arabeske, Op. 20
Präludium und Capriccio, Op. 22

Ana-Marija Markovina, piano

Un coffret de 3 CD du label Hänssler Classic HC16015
Acheter l’album sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr

Photo à la une : La pianiste Ana-Marija Markovina – Photo : © Irene Zandel