Schubert d’automne

Un premier album dévolu aux deux Sonates de Johannes Brahms avait montré la fusion parfaite entre Marie-Elisabeth Hecker et Martin Helmchen, partenaires dans la vie comme en musique. À l’automne dernier, ce disque m’avait émerveillé.

Les voici rejoints par Antje Weithaas chez Schubert, compositeur d’élection pour le clavier fluide, élégant, si subtilement musical du jeune pianiste allemand. Son Schubert est le plus naturel qui soit, le moins cherché, le plus présent pourtant, affuté pour les sentiments, l’expression. Il entraîne ses deux amis dans un Deuxième Trio mémorable où rien ne pèse mais tout suggère et qui sait aux moments clés se faire fusant, mordant, en sonorités fulgurantes.

C’est de bout en bout d’un lyrisme effusif teinté d’une pointe d’inquiétude qui tient l’écoute suspendue comme à un fil : merveille, le fameux Andante enchâssé par Kubrick dans son Barry Lindon, pris à un tempo soutenu, et dont le climax fait l’effet d’un cœur qui s’emballe. Puis les deux mouvements rapides coulent de source, Scherzo dont le Trio compose un bal étrange, final évident, lumineux, quasi mozartien.

Suit la plus intime Arpeggione que j’ai jamais entendue, comme un vaste lied en trois parties dont les phrasés n’en finissent pas de suggérer des émotions. Ah vraiment ce violoncelle est une voix, ce piano des paysages, Schubert y parait en personne, promeneur solitaire de sa propre musique. Vite, le Premier Trio !

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert (1797-1828)
Trio pour piano, violon et violoncelle No. 2 en mi bémol majeur, Op. 100, D. 929
Sonate pour arpeggione et piano en la mineur, D. 821

Martin Helmchen, piano
Marie-Elisabeth Hecker, violoncelle
Antje Weithaas, violon

Un album du label Alpha Classics 284
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Photo à la une : © Harald Hoffmann