Premiers pas

Le premier jalon d’une intégrale ? Qui sait ? Osmo Vänskä aura longtemps songé à « son » Mahler, cette 5e Symphonie finement ouvragée le prouve assez, son projet de rendre toutes les textures claires et mobiles est de plus en adéquation avec la nature même d’un orchestre dont Antal Doráti forma un temps l’identité sonore. Mais cela suffit-il ?

Dans l’Adagietto, millimétré, c’est merveille, ou dans la valse fantomatique du Scherzo, réussite absolue du disque, mais pour la Trauermarsch, prise à l’allure d’un vrai convoi funèbre, mais aussi composés qu’en soient les phrasés, affinées les dynamiques, le sentiment finit par manquer à force d’être précis, et la lecture totalement analytique, tirée au cordeau du Stürmich bewegt, malgré sa mise en place impressionnante, ne mord pas assez.

Revers fatal d’une certaine sécheresse même de la sonorité naturelle des Minnesotiens sur laquelle il faut passer outre pour entendre ce que fait tout du long de la symphonie Osmo Vänskä : un précis subtil suivant à la lettre la moindre indication de Gustav Mahler, Vänskä use d’une syntaxe si diverse dans le jeu des cordes et des bois, raffine les alliages sonores sans que jamais rien ne paraisse surligné, phrase surtout partout, toujours, quitte à en perdre parfois l’élan.

Mais bravo pour le dédain du pathos, la volonté certaine d’incarner dans toute sa complexe modernité cette langue si singulière que la 5e Symphonie aura osée, véritable premier point de non-retour atteint par Mahler, bascule de toute son œuvre. Commencer par la 5e Symphonie prend alors tout son sens.

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 5

Minnesota Orchestra
Osmo Vänskä, direction

Un album SACD du label BIS 2226
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Photo à la une : © DR