Fascination

Ah ! Si les clavecinistes avaient pu prévoir que l’opus favori des pianistes, débutant au disque, serait les Goldberg ! Le génie de Glenn Gould les aura probablement inspirés, penseront-ils. Mais non !, le génie de Bach! qui les écrivant pour un clavecin, les faisait toutes entières pour le clavier, dans l’idéal de résonance harmonique, de folie contrapuntique, d’art de l’ornement que le clavier à cordes pincées suggérait.

C’est bien cela qu’entend Xavier Torres, styliste inspiré, qui dès l’Aria tend une ligne, construit, parle. Pour son art du discours, il orne peu, soucieux d’abord du sens et non du décor, c’est une syntaxe qu’il anime, une langue en soi, il la fera vive mais sans la solliciter, car il la parle : la preuve, cette virtuosité qu’il met à la 14e Variation, assez ibère dans son alacrité, dit bien qu’il ne veut pas éblouir, mais dire au plus serré du texte.

Eh bien, vous savez quoi, c’est admirable car dans la diversité du « monde Goldberg », cela fait une unité qui prouve assez que contre tant d’autres pianistes, il ne se sert pas de l’œuvre, mais la sert, avec une conscience têtue que ces moments composent un édifice, font œuvre d’architecte.

Dans sa nudité, dans son épure, dans sa sécheresse qu’adoucit un très beau Steinway réglé court, cette lecture humble, si pleinement assumé, est une sacrée révélation après la proposition si généreuse de Pietro de Maria, et je ne remercierai jamais assez Tom Deacon de me l’avoir fait découvrir.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Variations Goldberg, BWV 988

Xavier Torres, piano

Un album du label IBS Classical IBS32016
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Photo à la une : © DR