Elgar romain

Pour les orchestres anglais, les symphonies d’Elgar sont le pain quotidien, ils les jouent les yeux fermés. Mais ailleurs, les formations symphoniques sont comme vierges lorsqu’elles les découvrent : leurs polyphonies sombres, leurs discours lyriques, leur conception si particulière du temps musical les laissent souvent désarmées. Ce n’est absolument pas le cas de la formation romaine, cet Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia qui avait connu ses heures de gloires sous la direction de Vittorio de Sabata et qu’Antonio Pappano a littéralement réinventé.

Sa longue fréquentation des orchestres anglais et de leur répertoire l’aura poussé à importer au bord du Tibre la Première Symphonie d’Elgar qui n’y avait plus paru depuis des lustres, si subtile dans ses ellipses, où il faut savoir composer des textures orchestrales aussi fuligineuses que celles qu’on voit sous le pinceau de Turner.

Miracle, tout l’orchestre rentre dans ces tableaux sonores, aussi bien dans les gris colorés du premier mouvement que dans les fusées de l’Allegro molto. Même le souvenir du Général Gordon résistant et mourant à Khartoum sous la sauvagerie des Derviches y paraît. Le sommet reste pourtant l’eau trouble de l’Adagio où les cordes sonnent ici inspirées comme seuls Sir John Barbirolli puis Sir Colin Davis avec la Staatskapelle de Dresde ont su les susciter.

In the South a une carrure plus romaine que napolitaine, mais quelle présence ! Je suis bien curieux de savoir ce qu’ils feront du grand numéro d’orchestre qu’est la Seconde Symphonie.

LE DISQUE DU JOUR

cover-elgar-1-pappano-icaSir Edward Elgar (1857-1934)
Symphonie No. 1 en la bémol majeur, Op. 55
In the South

Orchestra dell’Academia Nazionale di Santa Cecilia
Antonio Pappano, direction

Un album du label ICA Classics ICAC5138
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Photo à la une : © DR