Maître de la forme

Maria Yudina, la plus audacieuse, la plus libre des pianistes soviétiques de son temps révérait la musique de Taneiev qu’elle surnommait « le Bach russe ». Pourquoi pas ? En tous cas, elle fut une interprète inspirée du Quintette avec piano qui ouvre le double album consacré par le Quatuor Martinů et ses amis aux trois quintettes – celui avec piano, Opus 30 et les Opus 14 et 16 écrits pour cordes seules, le premier à deux violoncelles, le second à deux altos.

La vivacité de leurs lectures découvre des œuvres de première grandeur, où Taneiev allie à ses structures parfaites une invention harmonique, une fantaisie rythmique incessantes : écoutez seulement le Scherzo du Quintette avec piano, mené à un train d’enfer par Olga Vinokur. Quelle pianiste !

Si l’Opus 30 est bien connu et assez souvent enregistré – après Maria Yudina, Elisso Virsaladze et Mikhail Pletnev en ont gravé des versions achevées -, les deux Quintettes à cordes sont autrement peu courus, injustice ! Leur écriture subtile, lyrique, rappelle que derrière la maîtrise formelle, Taneiev déployait un art mélodique prégnant : le Quatuor Martinů y chante avec ardeur.

Album révélateur qui laisse espérer une suite : et si demain, les Tchèques s’attelaient à l’intégrale des neuf Quatuors ? Ce serait une entreprise valeureuse au disque, complémentaire de celle du Carpe Diem String Quartet en cours pour Naxos.

LE DISQUE DU JOUR

cover taneiev martinu supraphonSergei Taneiev
(1856-1915)
Quintette pour piano et cordes en sol mineur, Op. 30
Quintette pour deux violons, alto et deux violoncelles
en sol majeur, Op. 14

Quintette pour deux violons, deux altos et violoncelle
en ut majeur, Op. 16

Olga Vinokur, piano
Jiří Barta, violoncelle
Jitka Hosprová, alto
Quatuor Martinů

Un album de 2 CD du label Supraphon SU 4176-2
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Photo à la une : Les membre du Quatuor Martinů – Photo : © DR