C’est la fête

Une boîte rouge ? Martha, qui d’autre ? Deutsche Grammophon a eu la belle idée de rassembler tous les enregistrements de Martha Argerich pour l’étiquette jaune, mais aussi les cinq albums parus chez Philips, remis dans leurs pochettes d’origines : 47 CDs.

Un livret artistement composé, avec des dessins savoureux décalqués de photographies et une mise en page savante peaufinent l’ensemble. L’objet est beau en lui-même, sa graphie un peu années soixante-dix accordée à l’esprit de fête, à la vivacité enthousiasmante, au plaisir physique qui m’emportaient à chaque fois que revenant de chez le disquaire, je me précipitais pour mettre sur la Dual le nouveau cercle noir au centre jaune de Martha.

Nous l’avons tous fait, n’est-ce-pas ? Au lieu de provoquer la nostalgie, la redécouverte dans le désordre chronologique pathologique qui m’est propre de ces cinquante-cinq ans de disques (1959-2014) m’a plongé dans une écoute suractive et suscité pas mal de surprise. Tiens, les Préludes de Chopin (1975-1977) sont dépareillés par un si vilain piano et par une prise de son si dure (et à l’inverse de mon souvenir, leurs plus grands moments se trouvent dans les Préludes introspectifs et pas dans les véloces).

Ah mais ce Finale du Troisième Concerto de Prokofiev où soudain elle dicte le tempo. Comment ai-je pu oublier la Suite de Casse-noisette où elle s’amuse avec Nicolas Economou ? Gaspard de la nuit : ah oui, là c’est réglé une fois pour toutes (mais non, en fait). Bach comme ça, mais j’en connais qui vont mourir ! etc …

Bref, ce n’est pas un coffret, c’est un labyrinthe où l’on apprend une chose, au moins : le son Martha est resté intouché, toujours aussi juste, brillant et profond, précis et évocateur, au travers des années. Et la boucle se boucle. A la fin de ce coffret merveilleux, un disque Chopin – en fait le génie de Martha s’incarne intégralement dans Chopin comme jadis celui de Guiomar Novaes – nous ramène à des sessions anciennes pour les Radios de Berlin et Cologne entre 1959 et 1967 : au centre, un bouquet de cinq mazurkas comme improvisées. Qui jouait comme cela déjà ? Ah oui, Arthur Rubinstein.

LE DISQUE DU JOUR

cover box argerich dgg philipsMartha Argerich
The Complete Deutsche Grammophon (and Philips !) Recordings
Œuvres de J. S. Bach, Bartók, Beethoven, Brahms, Chopin, Chostakovitch, Debussy, Franck, Haydn, Janáček, Kiesewetter, Liszt, Lutoslawski, Mendelssohn, Meschwitz, Messiaen, Milhaud, Mozart, Poulenc, Prokofiev, Rachmaninov, Ravel, Ridout, Saint-Saëns, Schubert, Schumann, Stravinski, Tchaikovski

Martha Argerich, piano

Les orchestres, ensembles instrumentaux et choeurs
Berliner Philharmoniker, London Symphony Orchestra,
Royal Philharmonic Orchestra, Royal Concertgebouw Orchestra,
National Symphony Orchestra Washington, Radio-Symphonie-Orchester Berlin, Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Philharmonia Orchestra, Orchestra Mozart, Mahler Chamber Orchestra, Orchestra della Svizzera Italiana, Orpheus Chamber Orchestra, English Bach Festival Chorus & Percussion Ens.,
Lugano Percussion Group, Württembergisches Kammerorchester Heilbronn,
Coro della Radiotelevisione della Svizzera Italiana di Lugano

Les chefs
Claudio Abbado, Charles Dutoit, David Zinman, Leonard Bernstein,
Mstislav Rostropovich, Riccardo Chailly, Kirill Kondrachine, Giuseppe Sinopoli, Jörg Faerber, Alexander Vedernikov, Gabriel Chmura,
Alexandre Rabinovitch-Barakovsky, Erasmo Capilla, Ion Marin, Diego Fasolis

Les partenaires pianistes
Nelson Freire, Stephen Kovacevich, Nicolas Economou, Mikhail Pletnev,
Krystian Zimerman, Cyprien Katsaris, Homero Francesch, Elena Bashkirova, Daniel Barenboim, Alexander Gurning, Gabriela Montero, Paul Gulda, Rico Gulda, Akane Sakai, Alexander Mogilevsky, Yulia Zaichkina, Karin Merle, pianos

Les autres partenaires de musique de chambre
Gidon Kremer, Vadim Repin, Isabelle van Keulen, violons
Yuri Bashmet, Tabea Zimmermann, alto
Mischa Maisky, Mstislav Rostropovich, violoncelles
Jan Labordus, Willy Goudswaard, Peter Sadlo, Jan Pustjens, Michael De Roo, Edgar Guggeis, Markus Steckeler, Edith Salmen-Weber, percussions
Alois Posch, Georg Maximilian Hörtnagel, contrebasses
Irena Grafenauer, flûte
Eduard Brunner, clarinette
Guy Touvron, trompette

Les solistes vocaux
Anny Mory, Susan Roberts, sopranos
Patricia Parker, Helene Schneidermann, mezzo-sopranos
John Mitchinson, Daniel Norman, ténors
Paul Hudson, basse
Carsten Wittmoser, baryton-basse

Un coffret rouge toilé de 47 CD du label Deutsche Grammophon DG 4794647
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Photo à la une : © Susesch Bayat / Deutsche Grammophon