Le cœur secret du piano de Schumann ?

Les Scènes d’enfants, allez-vous répondre un peu vite ? Non, L’Album pour la jeunesse, son Opus 68, écrit en 1848 d’abord à l’intention de ses enfants, et dont la publication lui vaudra enfin le succès d’édition qu’il n’avait obtenu avec aucune des œuvres complexes et ambitieuses qui avaient fleuri tout au long des années 1830. Schumann y tourne le dos aux études de pure technique qui encombraient les porte-partitions des têtes blondes : adieux Czerny, Türk, Clementi, Hummel, bonjour la poésie.

Cet opus n’avait jusque-là guère eu de chance au disque, Michelangeli reste inapprochable dans le doublé des Winterzeit, mais pour le cahier intégral, seul Karl Engel avait su y mettre à la fois la fantaisie et le rêve, et faire oublier le propos didactique.

Il faut aujourd’hui lui adjoindre Vladimir Feltsman, qui met sa sonorité dorée et profonde à cette suite de miniatures et se garde bien de les présenter comme une collection de vignettes. Il a compris le propos de Schumann : plutôt que démêler simplement les questions techniques, le cycle invite les jeunes pianistes à aller du domestique au fantastique : Feltsman fait sonner l’appel grave de la Chanson des marins italiens en y mettant une pointe d’étrange. Le Matrosenlied devient une rumination amère, on passe de l’autre coté du miroir.

Disque admirable, où un maître pianiste vous conduira au cœur d’un cahier trop méprisé, dont Bartók s’inspirera en écrivant Pour les enfants.

LE DISQUE DU JOUR

cover schumann feltsman nimbusRobert Schumann (1756-1791)
Album für die Jugend

Vladimir Feltsman, piano

Un album du label Nimbus NI6307
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Photo à la une : (c) DR