Jeune Enesco

Hannu Lintu poursuit avec son Orchestre Philharmonique de Tampere un cycle Enesco inespéré venu de … Finlande. Cette fois, il nous immerge dans deux partitions d’un jeune homme d’à peine vingt ans, établi à Paris, et sous influence clairement française.

Le lyrisme divagant de la Symphonie concertante pour violoncelle et orchestre (1901) a encore des teintes franckistes, auxquelles se mêlent quelques éclats de Debussy. De toutes les partitions d’orchestre d’Enesco, la plus insalissable. Les grands violoncellistes, déconcertés par son écriture, l’ont laissé de côté. Quelle aubaine de voir Truls Mørk et son archet véloce s’attacher à cette partition fragile, hédoniste, d’une fantaisie étrange, où tout semble confidence jusque dans le Finale, majestueux, une pavane où quelques éléments baroques s’invitent.

Quatre ans plus tard, la Première Symphonie avec ses clairons et ses carrures affirmées, regarde vers de tout autres horizons. Enesco y libère son langage, affûte ses rythmes, creuse son orchestre. Il commence son intangible chemin vers la complexité – mètres mouvants, polyphonies savantes, alliages instrumentaux créant une palette nouvelle. Et avec cela une exaltation surprenante.

Dans le Lent central, une poésie de symphonies libres qui rappelle l’Andante de la Symphonie en ut de Paul Dukas. Hannu Lintu la dirige sur les pointes, sans la raidir, laissant émaner ce foisonnement de couleurs et de motifs qui forment la grammaire d’un univers unique, sans réel équivalent dans la création musicale parisienne d’alors. Et maintenant, les Suites s’il vous plait !

LE DISQUE DU JOUR

cover enesco lintu ondineGeorges Enesco (1881-1955)
Symphonie concertante pour violoncelle et orchestre, Op. 8
Symphonie No. 1 en mi bémol majeur, Op. 13

Truls Mørk, piano
Orchestre Philharmonique de Tampere
Hannu Lintu, direction

Un album du label Ondine ODE1198-2

Photo à la une : (c) 2010 Marco Borggreve