L’autre visage

Monique Haas jouait un répertoire très ouvert que le disque documenta partiellement. Mozartienne déclarée, elle ne devait plus enregistrer officiellement une note de son auteur fétiche après avoir quitté son premier éditeur, Deutsche Grammophon. On la sacra pianiste française, vouée à Debussy et Ravel, qu’elle joua avec le génie que l’on sait.

Monique Haas - DGG
La pianiste Monique Haas – Photo : (c) DR (Deutsche Grammophon Gesellschaft, photo du couverture du LP présentant le Concerto de Schumann avec Eugen Jochum)

Mais il suffit d’entendre le phrasé du premier thème de la Sonate KV 310, si ardent dans ses sonneries comme dans ses suspensions, pour comprendre que le grand répertoire classique déterminait et son jeu et l’esthétique de son style. Plus surprenant encore, l’entendre jouer Bach. Je ne connaissais sous ses doigts qu’un très alerte Concerto Italien. Sa Seconde Partita, filée et pourtant modelée, sans maniérisme, célèbre la danse. Dionysiaque, et dit avec un sens du rythme sostenuto qui était alors assez peu couru chez ses confrères et consœurs pianistes, sinon par Marcelle Meyer.

Et comment ne pas admirer malgré ses limites de timbre – le clavier de Monique Haas est un rien trop « bref » pour Schumann – ses Kreisleriana sans fantasque mais si chantées et dont les épisodes réflexifs sont désarmants ? A ces trois inédits de son répertoire, l’éditeur ajoute une lecture pleine d’ombres, incroyablement sombre de Pour le piano. Qu’il poursuive!

LE DISQUE DU JOUR

MC.1024.Monique.Haas.DigipakRobert Schumann (1810-1856)
Kreisleriana
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour piano No. 8
en la mineur, KV 310

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Partita pour clavier No. 2
en ut mineur, BWV 826

Claude Debussy (1862-1918)
Pour le piano

Monique Haas, piano

Un album du label Meloclassic MC1024

Photo à la une : (c) Deutsche Grammophon