Le cas Pienaar

Ses Variations Goldberg nous avaient tiré l’oreille. Beaucoup d’idées, une technique parfois incertaine, une volonté claire de répondre à Glenn Gould en copiant son toucher et même ses maniérismes. Intéressant, inabouti, frustrant. Tout comme l’intégrale des Sonates de Beethoven qu’il publie aujourd’hui et dont les écoutes répétées m’ont laissé partagé.

Là encore, foison d’idées et de propositions intéressantes, un art du discours incontestable qui pourtant se heurte sans cesse à des limites – techniques, cela est flagrant dans la Waldstein, dans la Hammerklavier qui a quelque chose de la grande déglingue hystérique qu’y osait jadis Richard Buhlig, de style presque toujours. Et la réalisation pèche par des scories – traits inaboutis, phrasés cahotants, absence de legato, piano vraiment très laid – qui pourtant ne parviennent pas à me faire vouer l’entreprise aux gémonies.

Pourquoi ?

Parce que Daniel-Ben Pienaar ose tout, les tempos fous, les phrasés atypiques, les accents décalés, il fonce dans son Beethoven avec une ardeur impérieuse qui souvent méprise le style, mais trouve le sens du texte.

Je vous aurais prévenu, cette intégrale est une expérience limite, imparfaite, qui ne flatte pas l’oreille mais assurément beethovénienne. Il me semble qu’il a trouvé ici son compositeur bien plus qu’en Bach.

LE DISQUE DU JOUR

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Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Les 32 Sonates pour piano (Intégrale)

Daniel-Ben Pienaar, piano

Un coffret de 10 CD du label Erato Avi AV2320

Photo à la une : (c) DR