Le violoncelle fut son violon d’Ingres, mais son instrument natif fut le piano. Monteux, Ansermet, Mengelberg en firent au long des années vingt l’une de leurs solistes favorites. Côté musique elle avait de qui tenir : son père décédé brutalement alors qu’elle n’avait que six ans fut violoncelle solo au Concertgebouw, rien moins.
Aussi brillante que fut sa carrière de concertiste, elle céda tôt à la tentation de la composition, guidée par Willem Pijper qui lui fit découvrir les Modernes français, éclairant son orchestre si empli de surprises : le vaste Premier Concerto en porte la trace dès l’Allegro moderato, le discours encore romantique du violoncelle s’y contraste avec des paysages savamment composés, entre tempêtes et pastorales.
Deux ans plus, une nostalgie a envahi le Deuxième Concerto, pourtant le portrait de Frieda Belinfante, violoncelliste virtuose dont elle partageait alors la vie, Bosmans affichant son goût des femmes comme plus tard celui des hommes. Son fort caractère la garantissait contre les préventions de l’époque.
L’œuvre, plus secrète, plus intime, est autrement touchante, surtout la beauté des mélodies, qui manquait tant au Premier Concerto, comme au Poème ouvrant le disque et dont l’orchestration est le seul vrai avantage, et la hardiesse de l’écriture d’orchestre en font une sorte de petit chef-d’œuvre dont Raphael Wallfisch se régale, découvreur aussi inspiré qu’infatigable.
Inutile d’ajouter d’autres lauriers aux Ecossais, parfaits, comme à l’élégance et au caractère de la direction d’Ed Spanjaard.
LE DISQUE DU JOUR
Henriëtte Bosmans
(1895-1952)
Poème pour violoncelle
et orchestre
Concerto pour violoncelle
et orchestre No. 1
Concerto pour violoncelle
et orchestre No. 2
Raphael Wallfisch,
violoncelle
BBC Scottish Symphony Orchestra
Ed Spanjaard, direction
Un album du label CPO 555694-2
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Photo à la une : la compositrice Henriëtte Bosmans –
Photo : © Teo Krijgsman