Les apparitions de la Philharmonie Tchèque de l’autre côté du mur avant qu’il ne s’effondre furent relativement rares. Moscou craignait toujours que le soft power musical des Pragois fut à double tranchant, sans compter quelques probables hémorragies de musiciens : Karel Ančerl avait donné l’exemple.
Václav Neumann, que certains considèrent encore comme un talent mineur inféodé à l’occupant soviétique, surprit régulièrement les mélomanes du Festival de Lucerne, illustrant son art d’abord au travers des compositeurs de son pays : il dirigea toujours le répertoire russe avec une parcimonie suspecte, préférant Dvořák, Smetana, et lorsque cela était possible, Janáček.
Au rayon Dvořák, la Huitième Symphonie si vive, si poétique, est infiniment supérieure à son enregistrement pour Supraphon, libérant ce lyrisme, ces tendresses que le studio asséchait, mais la perle de ces captations des années 1980 reste une Colombe sauvage prodigieuse d’élan, de narration, qui pourrait tenir face à celle de Zdeněk Chalabala.
Les sinistres fanfares qui ouvrent Libuše seraient presque anecdotiques ensuite, si les timbres si singuliers des souffleurs tchèques n’en augmentaient le prix.
LE DISQUE DU JOUR
Antonín Dvořák (1841-1904)
Symphonie No. 8 en sol majeur, Op. 88, B. 163
La Colombe sauvage, Op. 110, B. 198
Bedřich Smetana (1824-1884)
Libuše, JB 1:102 – Prélude
Orchestre Philharmonique Tchèque
Václav Neumann, direction
Un album du label Audite 97.832
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Photo à la une : le chef d’orchestre Václav Neumann (au premier plan, à gauche) – Photo : © DR