12 septembre 1725, on célèbre à l’Ambassade de France à Venise les noces de Louis XV et de Marie Leszczyńska qui avaient convolé quatorze jours plus tôt au château de Fontainebleau.
Vivaldi avait troussé pour l’occasion une de ses huit sérénades – étrange arrêt du destin, les trois qui ont survécu furent toutes le fruit de commanditaires français – dont la trame est simple : une laudation du couple royal où la Gloire, et Hyménée, le fils d’Apollon, gardien des cérémonies matrimoniales, rivalisent autant de virtuosité que de compliments.
Pour les deux chanteurs, l’œuvre risque d’être épuisante, point de répit comme chaque incarnation de théâtre en préserve pour ses personnages, Vivaldi voulant briller, ne ménage ni les vocalises, ni les écarts ; et il se défie de céder aux sirènes du style français qui amoindrissait l’impact de ses autres sérénades. On ne reprendra pas souffle, au point que l’alternance entre les deux protagonistes tourne au défi ; de cette Sérénade surgit un festival d’airs qui semblent écrits pour les gosiers les plus virtuoses des scènes lyriques vénitiennes, au point qu’on y imagine volontiers un duel de castrats.
Andrea Buccarella tire des seules cordes que lui a concédées Vivaldi toute une palette de nuances et d’effets, c’est le deus ex machina de cette fabuleuse proposition où le mezzo quasi-contralto de Teresa Iervolino contraste avec le falsetto élégant, fusant, supra-brillant de Carlo Vistoli, qui évoque volontiers à force de brio et d’affetti tous les sortilèges des castrats qui régnaient sur les scènes de la Sérénissime.
Mais écoutez d’abord le feu, l’espressivo, de Care pupille : Teresa Iervolino est-elle la nouvelle héroïne que Vivaldi espérait ?
LE DISQUE DU JOUR
Antonio Vivaldi (1678-1741)
La Gloria e Imeneo,
RV 687
Teresa Iervolino,
mezzo-soprano (Gloria)
Carlo Vistoli,
contre-ténor (Imeneo)
Abchordis Ensemble
Andrea Buccarella, direction
Un album du label naïve OP8877 (Vivaldi Edition, Vol. 73)
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Photo à la une : la mezzo-soprano Teresa Iervolino –
Photo : © Michele Monasta