Le Requiem manquait au parcours Campra des Arts Florissants, commencé tôt avec les Cantates, poursuivi avec un album consacré aux Grands Motets où figurait en addendum le seul Introit. Aujourd’hui, William Christie en a élargi la respiration, le faisant précéder d’un glas serein, discret, comme le sera son interprétation.
La lumière fuse autant dans le latin français que dans les instruments, la simplicité des phrasés, l’élégance du mouvement général, l’équilibre souverain entre la liturgie et l’émotion soulignent à quel point la syntaxe et le vocabulaire esthétique du Grand Siècle s’incarnent dans une lecture qui laisse émaner les beautés d’une partition devenue emblématique.
Elle aura été souvent enregistrée et volontiers trahie, engoncée dans des effectifs trop nombreux, étouffé sous une pompe qu’elle ignore, et qu’ignorera aussi Gabriel Fauré devant le même défi. Ai-je tort d’entendre ici cet écho à travers les siècles que sacre la permanence d’un style ?
Le Miserere se hausse au même degré d’émotion à force de spiritualité : William Christie a eu mille fois raison de l’associer au Requiem – Jean-Claude Malgoire l’avait osé en son temps – une même plénitude réunit les deux œuvres, rendant l’album indispensable.
LE DISQUE DU JOUR
André Campra (1660-1744)
Messe de Requiem
Miserere
Gwendoline Blondeel, soprano
Bastien Rimondi, ténor
David Tricou, ténor
Antonin Rondepierre, ténor
Igor Bouin, baryton
Matthieu Walendzik, baryton
Les Arts Florissants
William Christie, direction
Un album du label Pentatone PTC 5187479
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Photo à la une : © DR