Rites et méditations

Tomáš Vrána a tout compris de l’énigmatique Premier Concerto. Un Mandarin merveilleux y côtoie le cerf de la Cantata profana, Béla Bartók y aura résumé les aspects les plus secrets de son art dans l’impavide Andante, un cérémonial quasi balinais dont le pianiste et la percussion égrènent l’irréel gamelan. Saisissant, jusque dans les pianissimos composés entre le clavier et les maillets, petite musique pour piano et percussion.

Les fulgurances du Deuxième Concerto seront pimentés d’hungarismes comme rarement, laissant de côté les tentations cubistes, tout cela danse, s’ébroue, aussi dans un orchestre extrêmement léger, comme toujours sur les pointes, dispensant des fusées de couleurs où le piano n’a qu’à se laisser envoler. Assez fabuleux, et probablement pas entendu ailleurs avec un tel sentiment de liberté, d’improvisation jusque dans quelques pincées d’humour.

Le Troisième sera beau comme un triptyque doré à l’or fin. Un vif soleil emplit les trilles d’oiseaux de l’Allegro, le volet central médite dans un azur pâle, merveille où les simples accords du piano sont pourtant un chant (avec quelque chose de beethovénien que je ne saurais expliquer), l’ultime panneau est une exultation, une danse mystique où l’orchestre magnifie ce sentiment de liberté qui fait le clavier de Tomáš Vrána si ailé.

Toute grande version d’un corpus pourtant si justement célébré au disque, de Géza Anda à Zoltán Kocsis en passant par Andor Földes, Pascal Rogé ou András Schiff.

LE DISQUE DU JOUR

Béla Bartók (1881-1945)
Concerto pour piano et
orchestre No. 1, Sz. 83,
BB 91

Concerto pour piano et
orchestre No. 2, Sz. 95,
BB 101

Concerto pour piano et
orchestre No. 3, Sz. 119,
BB 127

Tomáš Vrána, piano
Janáček Philharmonic Ostrava
Gábor Káli, direction

Un album du label Supraphon SU 4360-2
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Photo à la une : le pianiste Tomáš Vrána – Photo : © DR