Apesanteur

Raphaël Pichon a déjà flirté avec la Messe en si mineur : pour Alpha, ses premières armes en Bach furent pour les Messes brèves : son audace y éclatait, avouant que si jeune il était déjà chez lui ici. Après une sublime Passion selon Saint Matthieu (voir ici), il ose son opposé : le grand vaisseau strictement liturgique de la Messe en si mineur. Certes, il pénètre dans le saint des Saints, et on est au culte, mais il n’a pas renoncé à cette ferveur expressive et à cette touche latine qui dorent les instruments et envolent le chœur, si souple, si délié, illuminant les polyphonies.

Ces vitraux sonores ne renoncent pas à l’incarnation des émotions ; le geste esthétique, si parfait, n’oublie ni l’extase ni l’exaltation : écoutez seulement le Cum Sancto Spiritu.

Solistes parfaits, fondus dans le geste si élégant et si touchant voulu par le chef mais apportant aussi une dimension expressive supplémentaire, choix volontairement tranchants – j’adore l’ajout du théorbe -, espressivo partout, toujours, mais transporté par cette battue aérienne, emporté dans un vaste flot de lumière qui expose la perfection d’une vision où tous les visages du chef-d’œuvre paraissent.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Messe en si mineur, BWV 232

Julie Roset, soprano
Beth Taylor, mezzo-soprano
Lucile Richardot, contralto
Emiliano Gonzalez Toro, ténor
Christian Immler, basse

Pygmalion
Raphaël Pichon, direction

Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM 902754.55
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Photo à la une : Raphaël Pichon, fondateur de l’ensemble Pygmalion – Photo : © Fred Mortagne