Affinités électives

Au rayon Rachmaninoff, Ekaterina Litvintseva persiste et signe. J’ai chroniqué un premier album où elle magnifiait les rarement courus Morceaux de salon, et ne s’égarait pas, comme tant d’autres, dans les Variations sur un thème de Chopin (voir ici).

Ses Variations Corelli sont de la même eau profonde, paradoxe !, portées par un piano clair, ductile, qui joue le grand jeu des polyphonies sans oublier ce qui fait le sel de ce cahier génial : l’impact dramatique, quasi théâtral dont Shura Cherkassky s’était fait le magicien. Elle n’en est pas si loin. Sa Deuxième Sonate, d’une ampleur quasi orchestrale, fait oublier la virtuosité à force de lyrisme.

Le vrai bonheur restera ce Premier Concerto, amorce je l’espère d’une intégrale. La noblesse du chant, l’élégance des phrasés, cette nuance de nostalgie épurée de toute sensibilité, le raptus à la place du pathos, et dans le Finale le feu d’une danse un peu Medtner, le tout porté par un orchestre réglé au cordeau par un chef qui sait ce que suppose, de technique et d’âme, de le jouer au piano, enregistré dans le feu et le sans-filet du concert, quelle fête !

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninoff
(1873-1943)
Concerto pour piano No. 1
en fa dièse mineur, Op. 1

Sonate pour piano No. 2
en si bémol mineur, Op. 36
(version révisée, 1931)

Variations sur un thème de
Corelli, Op. 42

Ekaterina Litvintseva, piano
Nordwestdeutsche Philharmonie
Vahan Mardirossian, direction

Un album du label Piano Classics PCL10244
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Photo à la une : la pianiste Ekaterina Litvintseva –
Photo : © Ekaterina Litvinseva