À Valdemossa, Chopin ne disposait que d’un pianino, cadeau de Pleyel, et cela lui suffisait amplement même pour composer les plus violents des Préludes : Justin Taylor, qui a ôté les plus expansifs, en donne pourtant un exemple avec l’orage du Presto con fuoco, preuve peut-être contre son intuition qu’il aurait pu graver tout le cycle.
Ce que Chopin aimait dans le pianino, malgré l’ambitus dynamique réduit à l’égal du clavier, c’est l’intimité poétique, le pouvoir d’introspection ; Justin Taylor en donne un aperçu au début de son magique album avec le grand Nocturne en ut dièse mineur, admirable par l’allégement du jeu que commande un instrument qui ne rayonnera que par la douceur.
Les deux Mazurkas en sortent plus lyriques encore, comme les deux Etudes, des précis poétiques dont le cantabile est le secret, celui-là même que Justin Taylor ajoute à l’accompagnement que Chopin destinait à Pauline Viardot pour Casta Diva.
L’art du chant, Justin Taylor le possède naturellement, ses précédents albums de claveciniste étonnaient par cela même, les cordes pincées n’avaient plus chanté ainsi depuis Scott Ross, Chopin lui aura ouvert la voie pour aller vers le piano, ici le pianino, aujourd’hui le grand Pleyel de Concert pour un récital au Théâtre des Champs-Elysées, objet, espérons-le, d’un second album Chopin.
LE DISQUE DU JOUR
Chopin intime
Frédéric Chopin (1810-1849)
Nocturne No. 20 en ut dièse mineur, B. 49
24 Préludes, Op. 28 (extraits : No. 15 en ré bémol majeur ;
No. 16 en si bémol mineur ;
No. 5 en ré majeur ;
No. 6 en si mineur ;
No. 13 en fa dièse mineur ;
No. 14 en mi bémol mineur ; No. 23 en fa majeur ; No. 18 en fa mineur ; No. 20 en ut mineur ; No. 1 en ut majeur ; No. 2 en la mineur ; No. 3 en sol majeur ; No. 4 en mi mineur ; No. 7 en la majeur ; No. 8 en fa dièse mineur ; No. 9 en mi majeur ; No. 10 en ut dièse mineur)
3 Nocturnes, Op. 9 (2 extraits : No. 1 en si bémol mineur ; No. 2 en mi bémol majeur)
Mazurka en si mineur, Op. 30 No. 2
Chants polonais, Op. 74 (extrait : No. 2. Wiosna [Pritemps] – version pour piano seul : Liszt, S. 480/2)
12 Études, Op. 25 (2 extraits : No. 1 en la bémol majeur ; No. 7 en ut dièse mineur)
Mazurka en la mineur, Op. 17 No. 4
Casta Diva en mi majeur, D1/1 (version élaborée par Justin Taylor)
Nocturne en ut mineur, Op. posth., B. 108
Nocturne en mi mineur, Op. 72 No. 1
Contredanse en sol bémol majeur, B. 17
Justin Taylor, pianoforte
Un album du label Alpha Classics 1132
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Photo à la une : le claviériste Justin Taylor –
Photo : © Jean-Baptiste Millot