Songes baroques

Son album de Concertos de Mozart dans la série « Next Generation Soloists » m’avait surpris en bien (voir ici) : Roman Borisov continue de m’émerveiller. Chez les Modernes il préfère trois regards en arrière : l’orgue romantique de Franck n’oublie pas Bach sous les doigts du jeune Russe, il semble faire chanter un quatuor dans des polyphonies toujours lumineuses qui changent la nature sonore d’un cahier souvent joué trop sombre, trop sévère.

D’ailleurs, le titre de l’album, « Chiaroscuro », souligne plutôt le chiaro, un somptueux piano (toujours le Bösendorfer qui avait servi à l’album Mozart ? L’éditeur ne le précise pas) dispensant une palette lumineuse dont le toucher sensuel du jeune homme se régale : ses Variations Corelli sont assez miraculeuses et ne palissent pas même devant les souvenirs laissés par celles de Shura Cherkassky.

La vraie perle reste les pièces tirées des cahiers de Renaissance, l’opus le moins couru de Leopold Godowsky. Son jeu si poétique en savoure les somptueuses idiosyncrasies, en magnifie la grammaire complexe au point de la rendre fluide. La prise de son si naturelle, la belle acoustique du Reitstadel de Neumarkt, tout concourt à faire de ce premier récital un coup de maître.

LE DISQUE DU JOUR

Chiaroscuro

Leopold Godowsky
(1870-1938)
Renaissance (5 extraits :
No. 1. Sarabande ; No. 3. Menuet ;
No. 8. Pastorale (Angelus) ; No. 10. Courante ; No. 19. Concert-Allegro)

César Franck (1822-1890)
Prélude, Choral et Fugue,
FWV 21, CFF 24

Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Variations sur un thème de Corelli, Op. 42

Roman Borisov, piano

Un album du label Alpha Classics 1080 (Collection « Piano Stories »)
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Photo à la une : le pianiste Roman Borisov – Photo : © Nikolaj Lund