Le luth mélancolique

À Prague, les Lobkowitz étaient toqués de musique, et l’un des plus sensibles musiciens de leur cercle fut un luthiste de premier ordre, le Comte de Losinthal (ou Jan Antonín Losy).

Leur bibliothèque de musique conserva les Suites d’esprit tout français que ce luthiste discret, apprécié autant à Prague qu’à Leipzig, par Kuhnau, ou Stölzel, composait à son propre usage. Le style brisé y abonde, les ornements expressifs le font frère des grands luthistes parisiens, en particulier de François Dufaut, et ses inventions mélodiques rappellent les opéras de Lully, partout les charmes règnent et invitent à la danse, mais à une danse stylisée, qui se pare souvent d’une touche de mélancolie.

Jakob Lindberg joue tout cela sur son sublime luth de Sixtus Rauwolf, ressuscitant cet art élégant et prenant jusque dans le geste éloquent de la Chaconne qui referme cet enregistrement singulièrement utile, ajoutant au parnasse de l’instrument l’un de ses poètes les moins connus.

LE DISQUE DU JOUR

Jan Antonín Losy (1650-1721)
Suite en la mineur
Suite en fa majeur
Suite en sol majeur
Suite en ré mineur
Suite en sol mineur
Menuet en ut majeur
Suite en si bémol majeur
Chaconne en fa majeur

Jakob Lindberg, luth

Un album du label BIS Records 2462
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Photo à la une : le luthiste Jakob Lindberg – Photo : © BIS Records