Point de bascule

Rinaldo Alessandrini aura abreuvé tout son art aux Livres de Madrigaux de Monteverdi, s’y formant pour lui et pour ses chanteurs, un style, un vocabulaire expressif, un art comme exclusivement dédié à ces cahiers où le génie du musicien de Mantoue aura produit une révolution aussi importante que celle qu’il mena au théâtre. Mais les madrigaux restent, sinon ceux qui s’approchent le plus de la scène justement, une terre réservée à de trop rares amateurs éclairés.

Alessandrini aura fait quelques allés et retours dans la plupart des Livres, dans le Septième surtout, et aura regroupé parfois les madrigaux par thème (la guerre !) ; il avait jusque-là laissé de côté le Troisième Livre où, en 1592, Monteverdi donnait au genre une ampleur nouvelle et un langage autrement expressif, d’une intensité émotionnelle à laquelle l’encourageait le Duc de Gonzague. Les neufs gosiers de ses chanteurs débordent de lyrisme et de flamme, ardant les poèmes, colorant à fresque, mettant des ombres qui rendent les éclats de lumière plus tranchants.

Ce saisissant Caravage en musique n’est pas près de quitter ma platine.

LE DISQUE DU JOUR

Claudio Monteverdi
(1567-1643)
Il terzo libro de madrigali

Concerto Italiano
Rinaldo Alessandrini, direction

Un album du label naïve classique OP30580
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Photo à la une : le claveciniste et chef Rinaldo Alessandrini –
Photo : © DR