Immensité

Bruckner, toujours, et Beethoven aussi. Je désespérai qu’Herbert Blomstedt vînt enfin au cycle complet des Symphonies de Brahms, deux du moins avec le Gewandhaus avaient paru sous des étiquettes différentes (Quatrième pour Decca, Deuxième chez Querstand), une Première avec Dresde en concert aussi, quasi confidentiellement, et voici que Pentatone annonce l’intégrale.

On est au concert évidement, Blomstedt ouvre le grand livre de la Première sans asséner la timbale, le chant se déploie, ample, et dans ces ténèbres une lumière éclate, qui se répandra sur toute la symphonie, dorant jusqu’au violon de l’Andante, musardant dans les flûtes et les hautbois de l’Allegretto, et jusque dans la sombre rumination qui ouvre le Finale, comme dite par l’Ecclésiaste.

Tout cela, fluide, souple, aérien, Mozart dans Brahms, et surtout cantabile, d’un chant qui refuse le legato, perdure dans l’harmonie sans lier, respire. C’est une magie en soi, et quasiment l’anti-Karajan, un langage vertical qui jamais ne bute sur la mesure. Le mystère Blomstedt incarné, une perfection qui dans Brahms ose des apesanteurs insensées, et des raptus sidérants.

Vient la coda du Finale, et alors c’est le feu de l’ancien monde qui embrase les ultimes mesures, avides, ivres, comme plus jamais depuis Furtwängler. Soudain une impatience des dernières pages de la Quatrième me saisit.

Coda supplémentaire, l’Ouverture tragique, ballade nordique où erre un chevalier maudit.

Mais que Pentatone ne s’arrête pas à Brahms, avec le Gewandhaus les concerts d’Herbert Blomstedt, enregistrés ou filmés, abondent, la Sérénade de Stenhammar, le Concerto de Reger, ultime défi de Peter Serkin, feraient un beau disque.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 68
Ouverture tragique, Op. 81

Gewandhausorchester Leipzig
Herbert Blomstedt, direction

Un album du label Pentatone PTC5186850
Acheter l’album sur le site du label Pentatone ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le chef d’orchestre Herbert Blomstedt – Photo : © DR